La patience paie souvent. Mercredi 22 septembre, au cours du 76e congrès annuel de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) à Deauville (Calvados), Roselyne Bachelot est restée inopinément coincée dans l’ascenseur avec son hôte, Richard Patry, le président de la FNCF. Eux-mêmes s’en sont amusés comme des collégiens, à l’instar de tous les représentants des salles de cinéma. Et ces derniers ont eu raison d’attendre, puisque la ministre de la culture leur a apporté, une nouvelle fois, les aides financières qu’ils espéraient.
Après trois cents jours de fermeture en raison de la pandémie, les cinémas avaient été les premiers à mettre en place le passe sanitaire, dès le 21 juillet. « Nous avons servi de levier à la politique de vaccination du gouvernement, qui a été couronnée de succès », a décrypté Richard Patry. Mais les salles en ont fait les frais, puisque, « entre le 21 juillet et la fin août, elles ont perdu 7 millions de spectateurs, ce qui représente 54 millions d’euros de manque à gagner », a-t-il poursuivi.
Roselyne Bachelot a rassuré les exploitants en venant à Deauville avec une nouvelle enveloppe de 34 millions d’euros. Sur ce total, 27 millions seront destinés à compenser les pertes de recettes liées à la mise en place du passe sanitaire dans les salles, et 7 millions iront aux distributeurs et aux producteurs. Cette manne s’ajoutera aux 402 millions d’euros d’aides publiques spécifiques accordées au septième art depuis le début de la pandémie.
Lutte contre le piratage
L’action du gouvernement a permis de préserver l’exceptionnel parc de salles (2 040 établissements, dont 233 multiplexes), « sans qu’aucune n’ait fermé », a reconnu Richard Patry. Et après un violent choc estival, avec une fréquentation en baisse de 30 % par rapport à août 2019, les spectateurs reviennent progressivement à un étiage plus normal. Même si les distributeurs indépendants s’alarment des résultats particulièrement décevants de certains films d’auteur.
Le congrès de Deauville sert chaque année d’exutoire, et les responsables de salles y décortiquent à l’envi la liste des maux qui les accablent. Une nouvelle fois, la question de la lutte contre le piratage, qui ampute le secteur de quelque 1,3 milliard d’euros tous les ans, selon Nicolas Seydoux, le président de l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle, est revenue sur la table. D’autant plus que le cinéma vient de perdre une bataille au cours de l’été : contre l’avis des parlementaires, le gouvernement n’a pas souhaité légiférer pour mettre en place une amende de 135 euros à l’encontre des internautes fraudeurs.
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