Au fil de la crise sanitaire, elles sont devenues presque banales. Un élément familier du paysage, auquel les passants n’accordent plus qu’un bref regard. Après la ruée, cet été, sur les tests PCR, portée par le rebond de l’épidémie et la mise en place du passe sanitaire, les files d’attente devant les laboratoires de biologie médicale de patients prêts à se faire triturer les narines sont moins fournies et plus rares depuis la rentrée.
« La frénésie des deux derniers mois s’est un peu calmée, même si le rythme reste encore soutenu », commente Alain Le Meur, président de l’Association pour le progrès de la biologie médicale (APBM). La semaine du 6 septembre, 4,18 millions de tests de dépistage du SARS-CoV-2 – dont 1,26 million de tests PCR – ont été réalisés en France. Une décrue de 27 % par rapport au pic de la mi-août. Sur l’ensemble de l’année, en revanche, la tendance est à la hausse : les volumes de tests ont pratiquement doublé si on les compare à la moyenne hebdomadaire observée entre janvier et mai.
Le Covid-19 a fait la fortune des laboratoires de biologie médicale. En 2020, la consommation d’analyses et de prélèvements a bondi de 37,4 % en France, pour atteindre un chiffre d’affaires de 6,2 milliards d’euros. Une croissance exceptionnelle, dopée quasi exclusivement par l’activité de dépistage du Covid-19.
Et l’année 2021 s’annonce encore plus florissante, malgré les décotes appliquées sur le prix des tests. Sur les 142 millions de tests pratiqués depuis le début de l’épidémie, près de 110 millions l’ont été au cours de cette année.
Les labos privés d’abord écartés par les autorités sanitaires
« L’histoire avait pourtant très mal commencé », rappelle M. Le Meur. Alors que le virus flambe à toute vitesse dans l’Hexagone en ce mois de mars 2020, les autorités sanitaires écartent de leur stratégie les laboratoires privés, réservant le dépistage par test PCR aux seuls hôpitaux publics. Une décision qui fait grincer des dents la profession.
« Nous utilisions déjà depuis longtemps cette technique, notamment dans la détection des maladies sexuellement transmissibles, ou la recherche de virus comme les hépatites B et C, ou le HIV », poursuit M. Le Meur.
Ces laboratoires sont finalement mobilisés dans la lutte quelques semaines plus tard, appelés d’urgence en renfort par le gouvernement. Débute alors une incroyable course à l’armement sanitaire pour « rattraper le temps perdu ». Masques, blouses, machines de tests PCR, réactifs… « On a commandé tout ce qu’on pouvait. Tout ce qui était disponible, on le prenait. On s’est équipé comme des porte-avions », raconte le docteur Michel Sala, directeur médical du réseau de laboratoires Cerballiance. Le groupe, qui compte quelque 450 laboratoires sur le territoire, a déboursé 20 millions d’euros pour s’armer contre le virus. « Tout cela sans vraiment savoir si ce ne serait pas à perte. C’était un pari osé. »
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