A Gémenos (Bouches-du-Rhône), l’ancien site de Gemalto affiche désormais les couleurs bleues de Thales, qui a racheté la société en avril 2019. Pourtant, à peine entré dans le bâtiment, le visiteur est accueilli par les vestiges de ce grand nom, désormais disparu, de l’électronique en France. Une vitrine exhibe des photos défraîchies des cofondateurs de l’entreprise ; du garage de Rousset (Bouches-du-Rhône) où elle a été lancée (en 1988 sous le nom de Gemplus) avant qu’elle ne s’installe à Gémenos – commune qui lui a inspiré son nom ; et quelques-uns des premiers produits qui ont fait son succès : carte téléphonique, carte de paiement…
A l’étage trône un graffiti réalisé lors d’une fête célébrant les 20 ans de l’entreprise, alors en pleine prospérité. Au-dessus d’une planète Terre naïvement dessinée, l’artiste a tagué les lettres du nom Gemalto – résultat de la fusion, en 2006, de Gemplus et Axalto – et essaimé quelques-uns de ses produits sur le globe, manière de signifier sa conquête du monde. Champion de la puce ultra-sécurisée, pour les cartes bancaires et les cartes SIM en particulier, le français affiche à l’époque un taux de croissance de 20 %, se positionnant comme un champion de l’identité numérique.
En 2017, la société, entrée en Bourse cinq ans plus tôt, subit des vents contraires. De 7,6 milliards d’euros au sommet de sa gloire, l’entreprise voit sa capitalisation tomber à moins de 3 milliards, et devient une cible séduisante. En 2017, après une première offre de 4,3 milliards d’euros lancée par Atos, Gemalto lui préfère celle, légèrement supérieure (4,8 milliards d’euros), de Thales, pour qui il s’agit de diversifier ses activités et de s’ancrer davantage dans le numérique.
Plan de bataille clair
A la tête de Gemalto au moment de ces négociations, Philippe Vallée ne regrette pas son choix. « Thales a créé une division spécifique pour Gemalto [Thales DIS, pour “Digital Identity and Security”] qui lui permet de préserver son business model. Le projet d’Atos était bien différent », explique-t-il. En grande partie, l’emploi a été préservé. Sur les 15 000 emplois que comptait Gemalto avant son intégration, environ 200 ont été sacrifiés.
En contrepartie, Philippe Vallée, maintenu aux commandes de cette nouvelle branche, se réjouit de bénéficier de la « surface financière de Thales » pour pouvoir poursuivre ses développements, avec un plan de bataille clair : innover pour conforter ses positions sur ses marchés matures – services aux banques et connectivité – afin de pouvoir financer les activités appelées à connaître, dans le futur, les plus fortes croissances.
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