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Direction de Sciences Po : les mesures phares des 23 candidats

Vingt-trois candidats ont déposé leur dossier pour prendre la succession de Frédéric Mion, à la tête de Sciences Po. Dans leurs dossiers figure la même obsession de l'équilibre budgétaire pour faire face au lourd investissement du nouveau campus parisien.

Les dossiers des 23 candidats sont tous recevables, assure Sciences Po.
Les dossiers des 23 candidats sont tous recevables, assure Sciences Po. (Romain GAILLARD/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 26 sept. 2021 à 11:48Mis à jour le 26 sept. 2021 à 15:26

Ils sont vingt-trois , tous candidats à la succession de Frédéric Mion à la tête de Sciences Po, huit mois après sa démission dans le cadre de l'affaire Duhamel . « Toutes les candidatures sont recevables » , a assuré Sciences po vendredi. Le média spécialisé News Tank , qui a révélé la liste et les dossiers des candidats, avait pourtant publié jeudi soir un tableau faisant état de pièces manquantes pour neuf d'entre eux. Les candidatures sélectionnées pour examen seront rendues publiques le 20 octobre.

Parmi eux figurent l'administratrice provisoire de Sciences Po Bénédicte Durand , le politologue Dominique Reynié, les numéros deux des ministères de l'Enseignement supérieur et de l'Education nationale Anne-Sophie Barthez et Edouard Geffray, le patron du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) Olivier Faron, l'ancien président du conseil de l'Institut d'études politiques (IEP) Nicolas Metzger et le président de l'Ecole normale supérieure Paris-Saclay, Pierre-Paul Zalio.

Un prêtre et un Indien

Parmi les dossiers déposés figurent aussi ceux d'un prêtre et d'un candidat indien dont le projet tient en sept lignes. Dans les candidatures reviennent régulièrement la nécessité d'apaisement après les crises passées, les violences sexuelles et sexistes, l'accent à mettre sur le numérique et la place de l'international.

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Tous les candidats ou presque ont en tête la difficulté de l'équilibre budgétaire, et le poids de l'investissement du « 1, Saint-Thomas », ce campus en plein coeur de Paris . Les ressources sont l'enjeu central, indique la candidate Christine Musselin, professeure à Sciences Po et spécialiste de la gouvernance universitaire. L'endettement pourrait peser lourdement sur la gestion de l'institut et limiter ses capacités d'investissement, anticipe Edouard Geffray. Cet endettement place Sciences Po sur une ligne de crête inconfortable, estime aussi Nicolas Metzger, tout comme Pierre-Paul Zalio.

L'établissement a multiplié par quatre ses ressources en vingt ans, passant de 55 millions d'euros en 2000 à 228 millions en 2020. La dotation publique ne représente que 37 % des ressources (66 % en 2000) et la contribution des familles atteint 33 %, rappelle la candidate et ex-directrice des études, Cornelia Woll.

Ne plus augmenter les droits de scolarité

Il y a ceux qui, comme Pierre Conte, réclament une orthodoxie budgétaire sans concession. L'ex-directeur général d'Editis voudrait gérer Sciences Po comme une entreprise privée. Les droits de scolarité ? Il ne faut plus les augmenter, s'accordent à dire la plupart des candidats. L'un d'eux, François Perret , directeur général de Pacte PME, préconise même de les réduire.

La formation continue ? Elle est sur toutes les lèvres. Olivier Faron propose d'expérimenter les microcertifications, comme aux Etats-Unis. Il faudrait en amplifier l'offre en ouvrant l'établissement aux sciences de la vie et à la data science, plaide Dominique Reynié.

Développer l'apprentissage

Les levées de fonds ? Le sujet revient en boucle. Le modèle de développement ne peut pas reposer sur la seule logique du charity-business qui placerait Sciences Po dans une dépendance à l'égard des grands donateurs, prévient toutefois Nicolas Metzger. Il propose la création d'un fonds d'investissement responsable, en s'inspirant de l'Edhec.

D'autres ressources viendront de masters en un an et du développement de l'apprentissage, imagine Anne-Sophie Barthez. Il faut doubler le nombre des étudiants formés en apprentissage, propose aussi Bénédicte Durand.

Solliciter davantage les anciens élèves

Faut-il oublier les fonds publics ? Rares sont ceux qui comptent sur une hausse de la subvention de l'Etat. Pourtant, ces fonds doivent continuer à croître, soulignent Anne-Sophie Barthez et Bénédicte Durand, mais on parle des investissements d'avenir, du plan de relance et de la loi recherche . L'accroissement des ressources propres passe par le développement des projets de recherche et les financements nationaux et européens, insiste Olivier Faron. Pour débloquer ces fonds externes, Andreas Kaplan, directeur du campus parisien de l'ESCP , veut renforcer les équipes administratives.

Il faut aussi des donateurs, dont des anciens élèves, plaide-t-il. Ces derniers doivent être sollicités de façon plus importante, abonde Gilles Mentré, fondateur de l'ONG Electis. Les élèves et leurs parents ne sont pas assez sensibilisés aux contraintes budgétaires de l'école, estime Mathias Vicherat, secrétaire général de Danone, lui aussi candidat. Cornelia Woll envisage même de refondre les relations avec les anciens, aujourd'hui gérées par une association indépendante de Sciences Po.

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Concerts et défilés de mode

D'autres recettes pourraient venir de l'ouverture du nouveau campus à des défilés de mode, des expositions éphémères, des concerts, suggère Nicolas Metzger.

Une ouverture qu'évoque aussi la candidate Agathe Cagé, ex-directrice adjointe du cabinet de Najat Vallaud-Belkacem à l'Education nationale, qui voit le nouveau campus comme un « Centquatre de Sciences Po », en référence au centre culturel parisien . Elle le voit ouvert à des collégiens et des lycéens éloignés du coeur de Paris, pour leur faire sentir qu'il y a de la place pour eux à Sciences Po .

Marie-Christine Corbier

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