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« La France est un pays sans avenir pour les jeunes chercheurs » : à l’université, le désarroi des nouveaux docteurs

Alors que le nombre de postes de maître de conférences ouverts à candidatures est en baisse, l’entrée dans la carrière universitaire devient de plus en plus compliquée dans le système français.

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Publié le 28 septembre 2021 à 10h00, modifié le 29 septembre 2021 à 10h10

Temps de Lecture 6 min.

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En septembre, Joana, 32 ans, n’a pas fait sa rentrée d’enseignante à l’université. Docteure récompensée du premier prix de thèse de son université en 2019, normalienne major de promotion et agrégée d’espagnol, elle a décidé d’abandonner sa quête de titularisation au sein du monde universitaire et de la recherche. Découragée face au constat « d’absence totale de postes ». Epuisée, aussi, par des années de précarité, à enchaîner les candidatures et les cours comme contractuelle pour 1 500 euros net mensuels.

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Joana a été pendant trois ans attachée temporaire d’enseignement et de recherche (ATER) au département d’études hispaniques de l’université de Dijon – ces contrats courts qui permettent aux jeunes chercheurs d’enseigner en attendant d’avoir un poste. Elle a vu trois enseignants permanents partir à la retraite : « Deux postes ont été remplacés par des ATER, le dernier a été supprimé. » Cette année, on lui avait proposé des vacations dans une autre université pour « l’équivalent d’un smic »… à bac + 8.

« On me dit de m’accrocher. Mais des gens avec mon CV qui restent sur le carreau, j’en connais des dizaines. » Mère d’un enfant, Joana ne se projette plus dans le rôle de « professeur TGV », « à combler les besoins abyssaux des facs pour des cacahuètes ». Terminé l’université : elle enseigne depuis septembre dans un lycée du sud de la France.

Un même sentiment de découragement parcourt les centaines de contributions de jeunes docteurs ou doctorants reçus par Le Monde après un appel à témoignages sur leur insertion à l’université. Dans les récits de ces titulaires du plus haut niveau de diplôme se lit un désarroi partagé face à un « manque de perspectives » dans le milieu académique, et à une « longue lutte » pour l’emploi. Pour ces jeunes chercheurs, l’entrée dans la carrière universitaire s’obscurcit un peu plus chaque année.

Alors que les effectifs étudiants ne cessent de croître, le nombre de postes de maîtres de conférences ouverts à candidatures a été divisé de plus de moitié en l’espace de dix ans. On ne comptait que 1 070 postes en 2019 contre 2 216 en 2009. Malgré une diminution constante des cohortes de docteurs, la compétition est rude : 7,4 candidats en moyenne pour un poste (contre 4,4 il y a dix ans), et un taux de réussite aux concours pour ces postes passé de 21 % à 13 %, selon une étude de la Conférence des praticiens de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La tension est particulièrement forte en sciences humaines et sociales – certaines sections ne proposent plus qu’une dizaine de postes par an sur toute la France –, mais la problématique touche aussi les sciences et technologies, avec une baisse de 60 % des postes publiés en dix ans.

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