Les forfaits de consultations chez le psychologue seront remboursés sur prescription médicale
Les expérimentations menées durant l'épidémie de Covid vont déboucher sur une généralisation de la prise en charge psychologique à partir de janvier, a annoncé ce mardi Emmanuel Macron aux Assises de la santé mentale. La nouvelle feuille de route sur la santé mentale est dotée de 1,9 milliard sur cinq ans.
Par Solveig Godeluck
Les consultations chez le psychologue vont être remboursées pour tous les Français âgés d'au moins 3 ans dès l'année prochaine. Emmanuel Macron a tenu à l'annoncer lui-même, en point d'orgue des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, qui se sont tenues au ministère de la Santé, lundi et mardi. Cette mesure de « prise en charge en amont » des patients fragiles doit permettre de « renforcer le continuum ville-hôpital » et de « mieux articuler le travail des psychologues avec celui des psychiatres », a-t-il expliqué.
Comme l'avaient révélé « Les Echos », le gouvernement va généraliser plusieurs expérimentations menées durant l'épidémie de Covid , dans certains départements, auprès de tranches d'âge plus réduites, ou bien dans le cadre des maisons de santé. Cette mesure qui ne figure pas dans l'avant-projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 va y être ajoutée.
Un forfait sans reste à charge
La première consultation pourra être facturée 40 euros, les suivantes 30 euros, avec un forfait de 10 séances, renouvelable une fois. Ce tarif est un plafond. Il n'y aura pas de reste à charge. Les complémentaires santé participeront au financement, à un niveau qui reste à discuter. Il faudra une prescription médicale pour y accéder, ce qui irrite les psychologues. Les professionnels ont également exprimé leur mécontentement au vu des tarifs pratiqués dans le cadre des expérimentations (22 à 32 euros sans possibilité de dépassement).
« J'assume », a balayé Emmanuel Macron, en expliquant que ceux qui facturent déjà plus cher pourront continuer à travailler comme avant, mais que d'autres vont profiter de la mesure : les psychologues qui peinent à vivre de leur métier et les patients démunis. Cette mesure coûtera 50 millions d'euros en 2022, 100 millions en 2023.
Des renforts en ville et à l'hôpital
Le chef de l'Etat a expliqué qu'il souhaitait « compléter la feuille de route de 2018 » sur la psychiatrie , qui visait notamment à préserver le budget des hôpitaux, abîmé par des années de diète . Il faudra aller un cran plus loin : après un plan à 1,4 milliard en 2018-2021, des financements de 1,9 milliard vont être dégagés pour les cinq années suivantes. « La pandémie a révélé avec plus de cruauté et plus de crudité l'importance du sujet de la santé mentale dans notre société », s'est-il justifié.
Il a également annoncé des ouvertures de lits, pour un montant de 15 millions d'euros (hors « Ségur de la santé »), et de 25 millions par an dès 2023, correspondant à 500 créations de postes. Le rôle des infirmiers spécialisés en psychiatrie sera mieux reconnu, et il y aura plus de créations de postes d'infirmiers de pratiques avancées que ce qui avait été prévu en 2020, a-t-il promis - en ville et en établissement. Soit 500 de plus, pour 3 millions d'euros en 2022.
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Un quart des centres médico-psychologiques obtiendront des renforts de personnels non-médicaux afin de lutter contre des « délais insupportables, parfois supérieurs à 18 mois ». Soit 800 créations de postes à partir de l'année prochaine. « Une quarantaine » d'équipes mobiles seront déployées pour venir en aide aux patients, dont la moitié en Ehpad. Une quarantaine de maisons des adolescents vont être créées afin qu'il y en ait une au moins dans chaque département (budget de 5 millions en 2022, 10 millions en 2023).
80 millions d'investissement dans la recherche
Par ailleurs, les psychiatres et les pédiatres libéraux ont été revalorisés via la négociation conventionnelle qui s'est achevée en juillet. « Pour la prochaine convention, nous devons réfléchir à d'autres formes de rémunération », a ajouté Emmanuel Macron, en citant « l'intéressement à la situation de santé publique du territoire », « la rémunération de la mission ou de la série de missions ». Selon lui, cela « correspond plus à la réalité de la pratique ». Cette nouvelle négociation est programmée courant 2022.
Enfin, le chef de l'Etat a reconnu que « nous n'avons pas totalement pris les décisions qui conviennent » en matière de recherche, alors que la convergence des neurosciences, de l'intelligence artificielle et des dispositifs médicaux promet des innovations thérapeutiques à venir. D'où le déblocage de 80 millions d'euros dans le cadre du programme d'investissement d'avenir PIA 4, pour un programme de recherche piloté par l'Inserm et le CNRS.
Solveig Godeluck