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Jean Castex attend les régions sur les métiers en tension et la formation des chômeurs

Difficile pour le Premier ministre, trois jours après la présentation du nouveau plan d'investissement dans les compétences, de clore le congrès des régions par de nouvelles annonces sur le front de l'emploi. Jean Castex a surtout insisté sur le rôle qu'il souhaite donner aux régions dans le cadre des Pric (plans régionaux d’investissement dans les compétences) pour l'identification des métiers en tension. S'agissant du pilotage de la formation des chômeurs, il a renvoyé au projet de loi "3DS" et à la création d'une instance de coordination.

L’emploi est "l’impératif du moment", a déclaré le Premier ministre Jean Castex, en clôture du congrès des régions à Montpellier, le 30 septembre (sur les autres points de son intervention, voir notre article de ce jour). Même si l’avalanche annoncée ne s’est pas produite. Au contraire, puisque le taux de chômage est revenu à son niveau d’avant-crise, à 8%, a-t-il souligné. Mais c’est "encore beaucoup trop". Surtout que de très nombreux emplois – 300.000 selon la Banque de France – ne trouvent pas preneurs. C’est tout l’enjeu du nouveau plan d’investissement dans les compétences, présenté par Jean Castex et la ministre du Travail, à Châtellerault, en début de semaine (voir notre article). Ce plan de 1,4 milliard d’euros vise en grande partie à remédier aux tensions du marché du travail, afin de ne pas obérer la sortie de crise. "En réalité, les phénomènes que nous traversons ne sont pas conjoncturels, ils découlent d’évolutions profondes de notre économie", a déclaré Jean Castex pour qui la question des compétences est cruciale. Grâce au premier PIC, la part de chômeurs accédant à une formation est passée de 10 à 18%, a-t-il dit. "Ce n’est pas assez."

Coordination de la formation des chômeurs

"Je souhaite que dans le cadre des Pric (plans régionaux d’investissement dans les compétences), vous qui connaissez parfaitement les typologies des chômeurs et les secteurs professionnels qui recrutent, vous soyez capables d’identifier les métiers et secteurs en tension." Répondant à une demande des régions, les parcours de formation seront ouverts "à l’ensemble des demandeurs d’emploi quel que soit leur niveau de qualification", y compris les bacheliers.

Si les régions espéraient des annonces sur le pilotage du service public de l’emploi, le Premier ministre s’en est tenu aux discussions menées dans le cadre du projet de loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification), avec la création d’une instance de coordination entre Pôle emploi et les régions pour la formation des chômeurs. "Ce n’est pas encore tout à fait ce que vous attendiez", a-t-il concédé. "C’est une question majeure sur laquelle nous sommes attendus", a-t-il ajouté, indiquant qu’il recevrait "la semaine prochaine" les préfets et directeurs régionaux de Pôle emploi.

Répondre à des transitions "anxiogènes"

Un peu plus tôt dans la journée, Elisabeth Borne est revenue sur l’enjeu des "reconversions professionnelles" induites par les grandes transformations en cours qui sont "anxiogènes" pour la population. "Je compte sur les régions pour permettre ces transitions", a-t-elle insisté. Dans le nouveau PIC, 600 millions d’euros vont permettre aux PME de moins de 300 salariés de former 350.000 personnes supplémentaires "dans toutes ces transitions qu’il faut conduire", a-t-elle rappelé. Elle a aussi défendu la philosophie des "Transitions collectives" qui visent à permettre à des salariés dont l’emploi est menacé d’être accompagnés vers des secteurs qui recrutent. Lancé en début d’année, ce dispositif a connu un démarrage poussif, comme l’a lui-même reconnu le Premier ministre lundi, le jugeant trop compliqué. Le plan gouvernemental prévoit à cet égard plusieurs aménagements : ouverture aux ruptures conventionnelles collectives, suppression de l’accord obligatoire sur la GEPP (gestion des emplois et des parcours professionnels) dans les PME de moins de 300 salariés, subvention de 30 millions d’euros en soutien aux plateformes territoriales (voir aussi notre article)…

Le président de la région Centre-Val de Loire François Bonneau a pour sa part demandé un effort de "simplification" dans les dispositifs nationaux, tançant notamment la complexité de la "valorisation des acquis de l’expérience" qu’Elisabeth Borne souhaite développer.

Les régions ont reçu le témoignage de Florence Lambert, présidente de la nouvelle société Genvia qui positionne l’Occitanie aux avant-postes de la filière hydrogène. Selon elle, les reconversions "ça marche formidablement".  "L‘hydrogène va se développer sur un socle de compétences qu’on n’a pas encore perdues : l’assemblage mécanique, la métallurgie…"

Emboîtant le pas du président de l'Association des maires de France François Baroin, François Bonneau a tenu à mettre en garde contre "l’eldorado" du télétravail et l’isolement qu’il engendre. "Il faut faire très attention à ça (…) Ne laissons pas partir avec l’eau du bain, l’épanouissement créé par un collectif de travail."