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Ecologie, laïcité, représentativité… Les 18-30 ans, une génération désenchantée

Les jeunes sont à la fois attachés aux libertés et en demande d’autorité, à la pointe sur les questions sociétales mais très critiques sur « l’assistanat ». Surtout, ils n’ont jamais été si peu nombreux à s’estimer « heureux ». Dans son dernier essai, « La Fracture », Frédéric Dabi analyse l’évolution de cette classe d’âge depuis 1957.

Publié le 06 octobre 2021 à 05h54, modifié le 14 octobre 2021 à 14h55 Temps de Lecture 6 min.

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De jeunes manifestants se sont mobilisés contre la politique écologique d’Emmanuel Macron, à Paris, en mai 2019.

Une génération fracturée et pétrie de contradictions : à la fois solidaire et individualiste, moderne et traditionnelle, attachée aux libertés et en demande d’autorité. C’est ainsi que ressort le portrait de la jeunesse française de l’étude « Nouvelle Vague », menée par l’IFOP auprès de 1 500 personnes âgées de 18 à 30 ans, interrogées du 12 au 17 février, selon la méthode des quotas.

Frédéric Dabi, le directeur général de l’institut de sondage, en a tiré un passionnant essai, La Fracture (Les Arènes, 288 pages, 19,90 euros), écrit en collaboration avec Stewart Chau. Abandonnée depuis plus de vingt ans (la dernière étude date de 1999), « Nouvelle Vague » scannait l’état de la jeunesse depuis 1957. C’est L’Express qui, à l’époque, avait eu l’idée de lancer cette grande enquête, renouvelée tous les dix ans (sauf, donc pour la décennie 2010). Pour nourrir leurs réflexions, les auteurs agrègent également d’autres études concernant la même tranche d’âge.

Avec la crise du Covid-19, il s’agissait d’établir si la jeunesse de France était en rupture d’avec le reste de la société : en clair, s’il y avait une « sécession » des moins de 30 ans. « Le Covid a touché la jeunesse et a créé une génération, note Frédéric Dabi. Les jeunes se disent qu’ils vont devoir payer la dette, qu’ils ont été sacrifiés. C’est un événement fondateur. » Une sorte de « crise des crises », qui devient ainsi une matrice pour toute une génération.

Le marqueur le plus parlant de l’état d’esprit des jeunes Français est celui de « l’indice de bonheur ». A partir de 1957, il n’a cessé de croître de manière régulière. Aujourd’hui, il est en chute libre. En 1999, le point le plus haut de cette mesure, 95 % des 18-30 ans se disaient heureux. Ils sont aujourd’hui 84 %. En plus d’un demi-siècle, c’est un niveau au plus bas. Si l’on regarde en détail, la baisse est encore plus significative chez ceux qui se déclarent « très heureux ». Ils étaient 46 % à le penser en 1999 – moment de prospérité de la France et de la volonté réformatrice du gouvernement de Lionel Jospin –, contre 19 % aujourd’hui, soit 27 points de moins.

De la même manière, seulement 42 % des jeunes âgés de 18 à 30 ans déclarent nécessaire d’avoir un idéal pour vivre, une donnée en net recul : en 1957, 78 % des jeunes pensaient qu’un idéal était nécessaire pour vivre, 82 % en 1999.

Une jeunesse qui doute de l’Etat

Du livre ressort l’image d’une jeunesse à plusieurs facettes, à la fois très en pointe des questions sociétales, environnementales, mais qui plébiscite l’entreprise, critique « l’assistanat », doute de l’Etat et croit dans les valeurs traditionnelles (religion, famille). A titre d’exemple de cette complexité, et de sa conscience politique polymorphe, 73 % des jeunes interrogés considèrent que le féminisme évoque quelque chose de positif pour eux.

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