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EXCLUSIF - Le revenu d'engagement sera recentré sur les 500.000 jeunes les plus précaires

Constatant que la reprise de l'emploi est très forte, mais aussi par souci budgétaire, le gouvernement préfère réserver le dispositif promis par Emmanuel Macron à ceux qui en ont le plus besoin.

Le futur revenu d'engagement s'appuiera sur les missions locales et Pôle emploi principalement.
Le futur revenu d'engagement s'appuiera sur les missions locales et Pôle emploi principalement. (Marta NASCIMENTO/REA)

Par Alain Ruello

Publié le 6 oct. 2021 à 11:15Mis à jour le 6 oct. 2021 à 15:57

Promesse d'Emmanuel Macron lors de son allocution du 12 juillet, le revenu d'engagement pour les jeunes verra bien le jour, mais pas dans la version universaliste et unificatrice envisagée depuis plusieurs mois. Deux semaines après une réunion autour du chef de l'Etat qui a donné lieu, si ce n'est à un coup d'arrêt du moins à un gros coup de frein , le projet qui se dessine a été fortement revu à la baisse, a-t-on appris de sources concordantes.

En bénéficieront environ 500.000 jeunes, ceux qui ont le plus besoin d'être aidés, et non plus le double, voire davantage, lorsqu'il était question de rendre éligibles aussi les travailleurs précaires parmi les moins de 26 ans, voire les étudiants. « C'est la grosse différence par rapport à ce qui était envisagé avant la réunion du 21 septembre dernier », décrypte un bon connaisseur du dossier sous couvert d'anonymat.

Dans l'air depuis le 21 septembre

Cette baisse de volume était dans l'air. Interrogée au lendemain de la réunion à l'Elysée sur le maintien ou non de la cible, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, qui porte le projet, avait botté en touche. « On ne va pas faire de guerre de chiffres entre flux et stocks », avait-elle répondu.

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Même s'il veut éviter avant tout que la facture dérape, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire martèle que la reprise économique et ses milliers d'emplois non pourvus changent la donne. Pour lui et d'autres, il faut sortir de la logique qui conduirait à verser une allocation à ceux qui ne sont pas tant éloignés que cela de leur premier contrat de travail.

Pour rappel, le revenu d'engagement prévoit que le jeune s'engage à respecter les étapes d'un parcours menant à l'autonomie professionnelle couplé le cas échéant d'une allocation allant jusqu'à 500 euros mensuels.

Bien mais peut mieux faire

Le périmètre du dispositif ne sera pas le seul changement. L'option désormais privilégiée est de se reposer sur ce qui existe plutôt que d'en bâtir un « sans couture » pour reprendre l'expression consacrée vendue jusque-là. Précisément, cela passera par une évolution des deux dispositifs principaux d'aide aux jeunes, la garantie jeunes, opérée par les missions locales, et l'accompagnement intensif des jeunes (AIJ), conduit par Pôle emploi.

Gonflé avec le plan d'urgence, le premier est censé bénéficier à 200.000 jeunes cette année, soit le double d'avant la crise du Covid. L'objectif du second est de 240.000. Il faudra donc un effort supplémentaire pour parvenir aux 500.000 visés.

Au sein de l'exécutif, on fait le constat que ces deux dispositifs fonctionnent bien les premières semaines, mais s'étiolent rapidement par la suite. Pour renforcer la qualité de l'accompagnement, les taux d'encadrement, c'est-à-dire le nombre de jeunes suivis par un conseiller, sont appelés à augmenter, ce qui suppose des recrutements dans les deux structures. Surtout, en se basant sur ce qui a marché avec le plan « 1 jeune 1 solution », chaque conseiller pourra piocher dans un catalogue élargi pour bâtir le parcours du jeune : formation, prépa-apprentissage, stages…

Comme pour les contrats aidés

D'autres solutions pourront enrichir le catalogue et l'appel au privé n'est pas exclu pour mettre les missions locales ou Pôle emploi sous tension. Pour homogénéiser les pratiques, un jeune éligible en AIJ pourra toucher l'allocation chacun des six mois que dure le dispositif, alors qu'elle est plafonnée à 1.500 euros actuellement. Tout cela devrait être accompagné de la mise au point d'une application mobile pour faciliter les échanges entre le jeune et son conseiller, toujours dans la logique poursuivie de droits et devoirs.

La décision de faire moins mais mieux rappelle celle du gouvernement Philippe en 2017 avec les contrats aidés : nombre réduit drastiquement, mais exigences renforcées sur le contenu.

Le nom aussi devrait évoluer. Pour éviter tout amalgame avec le RSA, synonyme à ses yeux d'assistanat, le gouvernement préfère parler de contrat d'engagement plutôt que de revenu : le soutien financier, oui, mais pas sans engagement du jeune. « La clé de voûte du dispositif », a déclaré le Premier ministre Jean Castex dans une interview aux « Echos » .

Reste à chiffrer le tout, entre renforts de conseillers au sein des missions locales ou de Pôle emploi, allocations ou encore formations. Le travail est en cours. Les crédits feront l'objet d'un amendement au projet de loi de finances pour 2022, dont l'examen vient de démarrer à l'Assemblée nationale.

Alain Ruello

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