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Décryptage

L'emploi sous forte pression dans les banques européennes

Entre 2009 et 2019, le secteur bancaire européen a perdu 500.000 emplois. Il s'agit de répondre aux difficultés de la banque de détail, ou d'accompagner la consolidation du secteur, en Espagne ou en Italie. Certains géants de la finance ont aussi dû lancer de lourdes restructurations.

En Espagne, BBVA a lancé des discussions en avril en vue de supprimer plusieurs milliers d'emplois.
En Espagne, BBVA a lancé des discussions en avril en vue de supprimer plusieurs milliers d'emplois. (Shutterstock)

Par Édouard Lederer

Publié le 12 oct. 2021 à 13:34Mis à jour le 12 oct. 2021 à 17:13

La crise sanitaire aura sans doute retardé les suppressions de postes annoncées avant crise. Mais sans inverser une tendance lourde dans les banques européennes : l'emploi se trouve clairement sous pression. En juillet 2020, le directeur financier de Deutsche Bank s'en expliquait. « La crise du coronavirus signifie que nous avons retardé certaines parties de la restructuration pendant environ six semaines, ce qui n'était qu'une pause », précisait alors James von Moltke.

Selon des données de la Fédération bancaire européenne, entre 2009 et 2019, ce ne sont pas moins de 500.000 emplois qui ont disparu dans le secteur, tous métiers confondus. Les effectifs des banques européennes - Royaume-Uni inclus - passant, sur la période, de 3,1 millions à 2,6 millions de salariés. Et le coup d'envoi donné à la fusion des réseaux Société Générale et Crédit du Nord s'inscrit dans la tendance.

Celle-ci était jusqu'à présent moins perceptible en France, en raison de départs « naturels » à la retraite. Les annonces se succèdent sur le Vieux Continent, en particulier dans la banque de détail.

Plusieurs logiques à l'oeuvre

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L'Espagne a attiré les regards ces derniers mois : en avril, BBVA a ouvert des discussions en vue de supprimer, selon des estimations, 3.000 emplois. Au même moment, CaixaBank - en plein rapprochement avec Bankia - lançait la suppression de 8.300 postes. Santander n'est pas en reste, avec 4.000 postes en moins annoncés l'an dernier.

En Espagne comme en Italie, plusieurs logiques sont à l'oeuvre. Comme ailleurs, la banque de détail souffre, en raison de la faiblesse des revenus et de réseaux bancaires encore importants. S'y ajoute la consolidation du secteur : les mariages entre banques ont repris dans ces deux pays comptant encore de nombreux acteurs de taille moyenne, ce qui s'accompagne aussi de mesures d'économies.

HSBC et Commerzbank, géants blessés

D'autres réductions viennent d'acteurs en difficulté contraints de lancer de vastes plans de restructuration. HSBC figure au rang de ces géants blessés : il a annoncé en 2020 la suppression de 35.000 emplois sur trois ans, pour se concentrer sur l'Asie. Autre cas emblématique, Commerzbank souhaite supprimer 10.000 postes à horizon 2024, ainsi que plus de la moitié de ses 790 agences. Il y a deux ans, Deutsche Bank avait annoncé 18.000 suppressions de postes étalés sur trois ans.

La France paraît plus épargnée, même si, comme ailleurs en Europe, l'emploi bancaire se tasse. Avec 354.000 salariés à fin 2020, elle touche son plus bas niveau depuis trente ans. Ce qui préserve davantage la France, c'est qu'il n'y a à priori pas de « méga fusions » à attendre, que la pyramide des âges a longtemps permis de gérer les effectifs sans douleur, et que le secteur est dans l'ensemble en bonne santé. Une annonce comme celle de Société Générale reste pour l'heure l'exception.

Cela étant, certaines petites acquisitions pourraient peser sur l'emploi. MyMoneyBank (Cerberus), par exemple, a récemment racheté les activités de détail d'HSBC France . L'emploi sera préservé au moins le temps de l'intégration de la structure, qui devrait durer deux ans. Autre dossier sur la table : le « retail » d'ING France intéresse trois repreneurs , sans indications pour l'heure sur l'éventuel impact social. On a toutefois appris l'été dernier qu'ING réfléchissait à la mise en place d'un plan de sauvegarde l'emploi (PSE), affectant potentiellement plus de 500 personnes. Selon « L'Agefi », la banque Palatine a de son côté ouvert un plan de départs volontaires ayant comme objectif le départ de 66 personnes à horizon 2022.

Edouard Lederer

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