De quelle manière doit-on habiter la France demain en tenant compte de l’urgence climatique et de la crise du logement ? C’est à cette question que tentait de répondre la ministre du logement, Emmanuelle Wargon, jeudi 14 octobre, en présentant, au terme de huit mois de travaux, une « vision », la sienne, qui permettrait de concilier l’intérêt général et l’intérêt de chacun, et de dépasser cette injonction a priori contradictoire : construire plus en artificialisant moins.
Dix enjeux sont listés. Certains sont assortis de mesures concrètes. D’autres, encore à l’état de chantier, sont ceux pour lesquels il n’a pas été apporté de réponse pendant le quinquennat, alors que la promesse en matière de logement était celle d’un choc de construction pour faire baisser les prix et permettre aux Français de se loger.
Cet exercice, Emmanuelle Wargon n’avait pas prévu de le mener en prenant ses fonctions, à l’été 2020. Mais la pandémie de Covid-19 a rendu encore plus sensibles les questions de qualité de logement, d’accès au « vert » et, dans certains territoires, des lieux de sociabilisation. Une telle réflexion n’avait pas été menée depuis longtemps, puisqu’il n’existe plus d’autorité qui travaille sur une vision à long terme de l’aménagement.
Ces propositions, comme une feuille de route laissée aux suivants, ont été nourries par une consultation menée auprès de 4 000 Français, d’ateliers citoyens, mais aussi de six tables rondes au cours desquelles urbanistes, architectes, promoteurs, industriels, bailleurs, élus et chercheurs ont débattu des sujets de densité, de rénovation, de mixité, de transport et de consommation.
- Mener la bataille culturelle de la densité
Il faut se rendre à l’évidence : « le rêve de pavillon avec jardin » auquel 75 % des Français aspirent « n’est pas compatible avec les enjeux environnementaux. Il faut donc proposer un autre idéal », pose en préambule la ministre du logement. Mais il y a là une sérieuse bataille culturelle à mener pour rendre « désirable » l’habitat collectif et les quartiers denses, plus sobres en foncier. Elle a débuté cet été avec une série de douze spots diffusés sur M6. Stéphane Plaza, l’agent immobilier préféré des Français, vante ces quartiers de Marseille, Cergy, Espelette, Nantes ou Strasbourg, qui « mêle[nt] habitat et nature », où on a « transformé l’existant », ou construit « un immeuble 100 % en bois », car, insiste-t-il, « c’est ça, habiter la France de demain ! »
Toujours dans l’idée de « changer les représentations », une plate-forme présentera, fin novembre, 128 réalisations qui concilient « durable et désirable », selon les termes consacrés. Il y a, enfin, l’idée d’une campagne grand public à mener, mais il n’est pas dit qu’elle voie le jour avant la fin du quinquennat.
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