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Les ingénieures ne connaissent pas le chômage… mais occupent les postes les moins bien payés

Les jeunes ingénieures décrochent un CDI facilement, mais les secteurs et les fonctions restent très genrés. Cela se voit assez clairement sur le bulletin de salaire. On fait le point sur un métier encore peu féminisé avec l'Observatoire Femmes Ingénieures qui publie une nouvelle étude.

Les secteurs les plus rémunérateurs pour les ingénieurs sont aussi les moins féminisés : électricité, gaz, industries extractives & raffinage, équipements électriques, spatial, produits électroniques, informatiques & optiques..
Les secteurs les plus rémunérateurs pour les ingénieurs sont aussi les moins féminisés : électricité, gaz, industries extractives & raffinage, équipements électriques, spatial, produits électroniques, informatiques & optiques.. (istock/Westend61)

Par Camélia Echchihab

Publié le 13 oct. 2021 à 06:00Mis à jour le 1 nov. 2021 à 20:10

IngénieurE ? Mais oui, habituez-vous : ça prend un E au féminin… même si en France, les femmes représentent à peine un quart du métier (23 %). Une réalité qui évolue lentement : +5 points seulement en dix ans.

La féminisation du métier est cependant bien en marche puisque près de 30 % des ingénieurs de moins de 30 ans sont des ingénieures (contre 15 % pour les plus de 50 ans), selon l'Observatoire Femmes Ingénieures qui publie ce 12 octobre une nouvelle étude*.

L'autre bonne nouvelle, c'est que ces ingénieures s'insèrent bien sur le marché du travail. « 72 % des femmes ingénieures n'ont jamais connu de période de chômage depuis le début de leur carrière », assure l'étude. Les jeunes diplômées trouvent « facilement » un job : 9 sur 10 en moins de trois mois, et elles obtiennent pour la majorité des CDI dans de grandes entreprises.

Une répartition encore très genrée des métiers

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Cependant, la répartition des activités reste genrée. Les jeunes diplômées se tournent souvent vers la recherche (près de 40 %), puis vers les métiers de la production (23 %) et, dans une bien moindre mesure, le conseil technique (moins de 10 %).

Les ingénieures sont donc beaucoup moins présentes que les hommes dans les activités qui recrutent le plus : le traitement des données, le cloud, la cyber sécurité… En fait, plus de la moitié d'entre elles disent ne pas être engagées dans la transformation numérique, contre 41 % des hommes.

Quant aux secteurs, les plus rémunérateurs sont encore majoritairement investis par les hommes : électricité, gaz, industries extractives et raffinage, mais aussi produits électroniques, informatiques, optiques. Les femmes, et surtout les plus jeunes ingénieures, s'orientent davantage vers l'industrie agroalimentaire, l'agriculture ou les services, l'environnement. Vous voyez venir la mauvaise nouvelle ?

20 % d'écart de salaire entre hommes et femmes ingénieures

34.000 euros : c'est le salaire médian des ingénieures débutantes… et c'est 4 % de moins que les hommes. Accrochez-vous : si l'on prend le salaire médian sur la totalité des ingénieures, et qu'on le compare à celui des hommes, l'écart monte à 20 % (49.700 € contre 60.120 €). Et plus les salaires augmentent, plus les écarts se creusent, comme le montre ce graphique :

La faute, donc à la répartition genrée des secteurs, mais aussi au plafond de verre. Leurs responsabilités sont 30 % inférieures, en moyenne, à celles des hommes dans les fonctions de direction générale.

L'étude montre même que cette différence de responsabilité s'instaure dès le début de carrière : « seulement 21 % des femmes de moins de 30 ans ont des responsabilités (gestion d'équipes, responsabilités financières ou budgétaires), contre 25 % des hommes. Dans la tranche 40-49 ans, l'écart passe de 4 à 13 % ».

L'étude se base sur les données de l'année 2019, avant la pandémie. Que peut-on présager de l'impact de la crise sanitaire sur la situation ? « Les premières analyses montrent que la crise sanitaire a eu peu d'impact sur les salaires et le niveau d'emploi, relève Aline Aubertin, Présidente de l'association Femmes Ingénieures. Par contre, les ingénieures en recherche d'emploi et en particulier de leur premier emploi ont eu plus de mal à s'insérer professionnellement. » Pour la Présidente, cela devrait se rééquilibrer… mais les avancées gagnées par les femmes illustrent une fois de plus leur fragilité en temps de crise.

*Basé sur l'étude annuelle d'IESF, dont l'association Femmes Ingénieures réalise une analyse comparée femmes-hommes spécifique.

Camélia Echchihab

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