La finance durable serait-elle l’oxymore vedette de la rentrée 2021 dans les grandes écoles ? De nouveaux cursus naissent un peu partout : Audencia vient d’ouvrir un master stratégie financière et investissement responsable, Skema assure la rentrée de son premier master finance durable et fintech, l’ESCP Europe propose également une spécialisation finance durable, HEC a remanié en profondeur son master finance pour y intégrer de nombreux cours liés à la durabilité des investissements, l’Ecole des ponts ParisTech a lancé un parcours dévolu à la durabilité en 2020-2021… La liste n’est pas exhaustive.
Mais de quoi parle-t-on avec la finance durable ? Le métier d’un financier est d’investir dans un projet rentable, et de préférence avec un taux de rentabilité annuelle à deux chiffres. La durabilité implique de s’assurer que cet investissement n’aura pas d’impact négatif pour la planète et ses habitants. Faire se rejoindre ces deux injonctions est la mission difficile de la finance durable. La plupart des établissements chargés de la formation des financiers de demain prennent ce virage de la « responsabilité sociale et environnementale » (RSE).
« Tout le monde de la formation se positionne sur ce secteur, observe Christophe Revelli, professeur de finance durable et d’investissement d’impact à Kedge Business School. Quand nous avons lancé notre programme, en 2016, nous étions pionniers. C’est devenu aujourd’hui le courant dominant. » A sa création, le master finance durable comptait seulement cinq étudiants. Ils sont cette année quatre-vingts à avoir frappé à la porte du cursus pour quarante places ; 70 % sont des étudiants étrangers.
Un tronc commun
Si chaque école a ses spécificités, un tronc commun de formation se retrouve dans chaque établissement. Il y a tout d’abord la macroéconomie, comment sont élaborées les politiques monétaires, comment maîtriser la géopolitique financière, l’économie des marchés émergents… Les futurs financiers sont également formés à la gouvernance, ils doivent apprendre à comprendre le langage, les motivations et les intérêts des différentes strates de l’entreprise : les actionnaires, le management et l’ensemble des salariés.
Enfin les étudiants doivent se former à l’usage des outils techniques ou technologiques, qui leur permettront de mesurer l’application des critères sociaux et environnementaux et de bonne gouvernance (ESG), comme la qualité du dialogue social, l’emploi des personnes handicapées, la formation des salariés, les émissions de CO2, la consommation d’électricité, le recyclage des déchets…
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