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Fragments de France

A Hirsingue, le textile renoue avec le fil de son histoire

Par  (Hirsingue (Haut-Rhin), envoyée spéciale) et Fabien Voileau/Hans Lucas (Photos)
Publié le 18 octobre 2021 à 06h30, modifié le 20 octobre 2021 à 15h33

Temps de Lecture 7 min.

Mine sombre sous vitrine en Plexiglas, c’est une vieille photo d’Arnaud Montebourg qui accueille les visiteurs à l’entrée des ateliers de l’usine de textile Emanuel Lang, à Hirsingue (Haut-Rhin). L’ancien ministre de François Hollande, aujourd’hui candidat sans étiquette à la présidentielle, était venu en 2013 soutenir les salariés qui se battaient contre la fermeture du site. Epinglées sur des panneaux, les coupures de presse de l’époque rappellent que la haute cheminée de brique, totem du bourg depuis 1908, a failli disparaître. Sauvée in extremis de la liquidation, l’entreprise a redémarré autour d’un noyau de quatre salariés. Ils sont désormais trente-quatre.

L’usine Emanuel Lang, ici le 3 septembre 2021, est installée à Hirsingue (Haut-Rhin) depuis 1908.

En ce mois de septembre, la PME se remet de sa dernière embûche. Le 8 mai, elle a échappé au pire. Un incendie accidentel a fait partir en fumée la moitié de son parc de 33 métiers à tisser. Couverte de cendres, l’autre moitié est gravement endommagée. « A une heure près, on perdait tout le tissage », s’effraie encore Christian Didier, le directeur général, barbe poivre et sel sur chemise en tissu « maison », en parcourant les ateliers surdimensionnés. Au siècle dernier, la fabrique a employé jusqu’à 1 000 ouvriers sur des centaines de métiers à tisser.

100 « Fragments de France »

A six mois de l’élection présidentielle, Le Monde brosse un portrait inédit du pays. 100 journalistes et 100 photographes ont sillonné le terrain en septembre pour dépeindre la France d’aujourd’hui. Un tableau nuancé, tendre parfois, dur souvent, loin des préjugés toujours. Ces 100 reportages sont à retrouver dans un grand format numérique.

Au bout du bâtiment, les silhouettes désarticulées et calcinées d’une douzaine de Dornier, la « Rolls » du métier à tisser, de fabrication allemande, témoignent de l’ampleur de la catastrophe. Dans un décor à la Mad Max, Charles Kocer, contremaître, désosse jusqu’à leurs rouages les grandes blessées. « C’est l’hôpital ici », lance-t-il en se contorsionnant autour d’un circuit électrique grillé. Dans la pièce voisine, les murs peinent à atténuer les trépidations des machines qui ont déjà repris du service. Dix-neuf monstres d’acier automatisés entrelacent les fils de trame et de chaîne pour fabriquer les étoffes pour chemises qui ont fait la réputation d’Emanuel Lang.

Le 3 septembre, des séquelles de l’incendie survenus quatre mois plus tôt étaient encore visibles dans l’usine Emanuel Lang de Hirsingue (Haut-Rhin). A gauche, Charles Kocer, contremaître, répare les machines ayant brûlé.

Trois semaines d’arrêt et des dégâts estimés à 1 million d’euros quand le chiffre d’affaires en fait à peine le triple auraient pu stopper la renaissance de la PME. S’il n’y avait eu ce coup de fil : « Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous aider ? » A l’autre bout de la France, depuis Bordeaux, la marque en ligne de prêt-à-porter pour homme Asphalte propose de lancer une cagnotte de soutien pour son fournisseur. D’autres PME engagées et chantres du « made in France » (Réuni, Le Slip français, 1083, Atelier Loden, Païsan, Bonne Gueule…), elles aussi clientes d’Emanuel Lang, relaient l’appel. En quelques jours, 60 000 euros sont récoltés – des dons de particuliers pour la plupart –, qui permettent de financer l’achat de deux métiers d’occasion. De quoi faire repartir la production en attendant les indemnités des assurances et les 300 000 euros d’aide débloquée par la région.

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