Pascal Brice est président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) qui rassemble près de 800 associations dans le secteur de l’action sociale et de l’hébergement. S’il souligne les bienfaits des aides de soutien durant la crise sanitaire, il appelle le gouvernement à ne pas compter uniquement « sur les effets mécaniques de la reprise ».
Comment les personnes que vos associations accompagnent ont-elles traversé la crise sanitaire ?
Difficilement, comme tout le monde, et plus encore parce qu’elles ont rencontré des problèmes pour se nourrir, se soigner, dans une solitude et une marginalité accentuées. La crise a fait basculer dans la précarité nombre de personnes, notamment des jeunes. Je suis frappé par l’écart grandissant entre ces publics, poussés dans les marges, et le reste de la société, pourtant prise dans un vertige de déclassement social. C’est, pour moi, une raison de plus d’agir.
Les pouvoirs publics n’ont pourtant pas ménagé leurs efforts, ont débloqué des aides d’urgence, ouvert des hébergements, alloué des fonds. Ont-ils atteint leur but ?
Oui, les aides ont permis d’éviter l’explosion de la pauvreté, et c’est majeur. Mais je ne voudrais pas que les pouvoirs publics, après cette crise sanitaire, voyant l’économie reprendre avec des emplois non pourvus et comptant sur les effets mécaniques de la reprise, s’en tiennent à une sorte de soulagement qui serait illusoire et finalement préjudiciable. Car la pauvreté et la précarité s’enracinent, chez les femmes, les chômeurs de longue durée, les retraités modestes, les jeunes éloignés de l’emploi, dans les zones rurales, dans les quartiers… Il faut porter le bon diagnostic et s’y attaquer vite, avec volontarisme et dans la durée.
Quelles mesures proposez-vous ?
La création d’un revenu et d’un accompagnement pour les jeunes en précarité est la première urgence. Nous l’attendons avec impatience. Trop de ces jeunes que nous voyons passent, jusqu’ici, sous les radars. Il faut aller les chercher, leur proposer un accompagnement adapté, mettre en place avec eux un dispositif souple, modulable selon leur situation, avec les acteurs sur les territoires.
Nous avons bien avancé sur ce sujet avec la ministre du travail et nos associations sont, avec les missions locales, prêtes à agir. Mais nous avons besoin de travailleurs sociaux, car il en manque et leur recrutement est difficile, les écoles qui les forment ne font pas le plein. C’est un métier difficile, qu’il faut reconnaître et valoriser avec de meilleurs salaires. Comment se passer, dans le moment que nous traversons, de ces professionnels qui apaisent la société ?
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