Recyclage du plastique : la France parmi les pays les plus innovants
L'Hexagone se classe deuxième en Europe derrière l'Allemagne en dépôts de brevets sur les bioplastiques et le recyclage du plastique, où les méthodes chimiques et biologiques ont le vent en poupe. Certaines entreprises comme Michelin ou Carbios se distinguent.
Par Myriam Chauvot
A l'aune des brevets déposés, la France est l'un des pays les plus innovants au monde dans le recyclage du plastique et la conception de nouveaux bioplastiques, révèle une étude mondiale de l'Office européen des brevets (OEB) . Selon cette étude portant sur les brevets déposés durant la décennie écoulée, l'Europe et les Etats-Unis sont les deux zones les plus actives sur le sujet, avec chacune 30 % du total mondial des dépôts effectués entre 2010 et fin 2019.
En Europe, la France se classe deuxième derrière l'Allemagne. Loin derrière, puisque l'Hexagone représente 4 % des dépôts, contre 8 % pour les acteurs (universitaires ou industriels) allemands. L'Hexagone fait quand même presque jeu égal avec des géants industriels comme, en Asie, la Chine et la Corée (5 % chacune), tandis que le Japon caracole en tête de la zone (18 % des dépôts).
Identifier les évolutions
Des entreprises se détachent du lot par leur dynamisme en matière de brevets, telles, pour le recyclage mécanique traditionnel, Michelin avec 111 brevets, note l'Office. Suez figure dans le Top 10 des brevets de recyclage mécanique (12 brevets sur 2010-2019).
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Le recyclage biologique et chimique a généré 9.000 dépôts de brevets entre 2010 et 2019, le double du recyclage mécanique (4.500). Les acteurs français les plus dynamiques y sont IFP Energies nouvelles (159 brevets), Arkema (61) et Total (52).
L'enzyme travaillée
Les dépôts de brevets de recyclage chimique traditionnel par craquage ou par pyrolyse (très énergivore) ont connu un pic en 2014, mais depuis, « elles décélèrent face à une génération de recyclage plus fin par dépolymérisation, ramenant le plastique à l'état de monomères (2.300 brevets) et face au recyclage ou compostage enzymatique », analyse Yann Ménière, chef économiste de l'OEB.
Les méthodes biologiques, qui recourent à des organismes vivants, ont fait l'objet de 1.500 brevets. Leur meilleure incarnation en France est la société cotée Carbios et ses enzymes mangeuses de résine PET (celle des bouteilles d'eau minérale, des polaires, etc.), qui doit lancer fin 2022 la construction de sa première usine à l'échelle industrielle (40.000 tonnes par an).
Relais industriel
Si Carbios se détache du lot, c'est un exemple atypique. « Dans le domaine du recyclage chimique et biologique, la recherche fondamentale joue un rôle bien plus important que dans les autres méthodes de recyclage du plastique », note l'OEB. Dans ce domaine du recyclage, en Europe comme aux Etats-Unis, 29 % des inventions émanent en effet d'universités et d'organismes publics de recherche.
Passé le dépôt de brevet, en Europe, ça coince : « Des progrès restent à faire pour concrétiser les résultats de la recherche fondamentale sur le plan industriel », commente le président de l'OEB, António Campinos. Les start-up américaines ont généré quatre fois plus de brevets en recyclage chimique et biologique que leurs concurrentes européennes (338 contre 84).
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