«Vous connaîtrez cette sensation extraordinaire, ce “ça y est, j’en fais partie !” cette joie immense», fait rêver leur professeur. C’est la première matinée de la classe Prépa talents, à l’Institut régional de l’administration (IRA) de Lille, en ce vendredi de septembre. Ils sont huit élèves présents, généralement déjà titulaires d’un master, en droit le plus souvent. Tous boursiers, c’est la première condition pour intégrer ce dispositif. Leur graal, décrocher l’une des 76 places du concours d’attaché d’administration, que passent entre 1 500 et 1 800 candidats dans la région. Alors, ils pourront devenir un cadre de l’Etat, bosser dans les ministères ou les préfectures. Ils viennent des zones rurales, de la périphérie urbaine, ou des quartiers populaires de la métropole. Là où on ne sait guère comment fonctionne l’Etat. Soukaina remarque : «Un prof, un policier, oui, on sait ce qu’ils font, mais un attaché sorti de l’IRA, à part la plaisanterie sur la guerre d’Irlande, ça reste assez obscur.»
Leur chance, cette prépa, «un dispositif qui donne une chance à tous», estiment-ils en chœur, reconnaissants envers l’Etat. «Mes parents ne travaillent pas, et j’ai pu faire des études, ce n’est pas le système américain, s’élance Soufyane. Je veux me mettre au service de la République pour que ce modèle puisse persister.» Mélie nuance : «Il y a toujours des biais, le capital culturel qui est évalué dans les concours. Tu peux travailler tant que tu