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Les universitaires déplorent l’ère du soupçon généralisé contre la parole scientifique

Objet de nombreuses attaques, la fabrique du savoir scientifique a fait l’objet d’un colloque organisé par la conférence des présidents d’université, jeudi et vendredi. Une réponse implicite, notamment, à la polémique sur « l’islamo-gauchisme ».

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Publié le 22 octobre 2021 à 18h52, modifié le 26 octobre 2021 à 11h35

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La réponse est venue, un an après jour pour jour, comme pour signifier que le temps de la recherche ne se satisfait pas de l’immédiateté qui caractérise les joutes politiques. Organisé par la conférence des présidents d’université (CPU), jeudi 21 et vendredi 22 octobre, le colloque « Universités : la science exposée » avait pour objet de comprendre comment et pourquoi le travail universitaire subit, aujourd’hui, autant de tentatives de disqualification. Avec, implicitement, dans sa ligne de mire, la polémique lancée le 22 octobre 2020 par Jean-Michel Blanquer sur les « ravages de l’islamo-gauchisme à l’université ».

Le ministre de l’éducation nationale n’a cessé de se positionner depuis sur le sujet, jusqu’à l’avènement le 13 octobre de son Laboratoire de la République, largement créé pour contrer le « logiciel victimaire » d’étudiants et enseignants supposés adeptes du « wokisme » – un mouvement parti des universités américaines pour lutter contre les discriminations et responsable, selon ses détracteurs, d’excès coupables et de « cancel culture » (culture de l’annulation), une sorte de chasse aux sorcières contre ceux qui ne partagent pas les mêmes avis.

Après avoir pris la défense des universitaires, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s’en était désolidarisée, parlant elle aussi de la « gangrène » de « l’islamo-gauchisme » et annonçant son intention de confier au CNRS une « étude scientifique » pour définir « ce qui relève de la recherche et du militantisme ». Le CNRS avait décliné la demande, et l’enquête n’a jamais vu le jour.

« Anti-intellectualisme »

Le sujet reste des plus vifs dans la communauté universitaire, où l’attaque de ministres sur des travaux universitaires a été mal vécue. « La défense de la science est devenue cruciale dans une époque de “post-vérité” ou de “vérité alternative”, expose Sylvie Retailleau, présidente de l’université Paris-Saclay. Le contexte de la crise sanitaire a amplifié cet état de fait et a provoqué un changement d’échelle : le principe du soupçon généralisé prend le pas sur le principe du doute scientifique. »

Pour Eric Fassin, professeur de sociologie à Paris-VIII, qui travaille sur les questions de genre et de races, et qui est une cible régulière des anti-« woke », ce soupçon permanent ne résulte pas d’une ignorance mais d’« un anti-intellectualisme qui est aussi pratiqué par des intellectuels » et qui nourrit le populisme. « Leur logique use d’une rhétorique perverse, estime-t-il, quand elle affirme que les savoirs critiques sont tournés contre la liberté d’expression. »

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