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Paroles de médecins intérimaires : « Je ferai tout mais je ne reviendrai pas à l’hôpital »

Malgré la volonté du gouvernement de plafonner leurs revenus, deux soignantes qui ont choisi cette voie expliquent leur décision, loin de l’appât du gain.

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Publié le 22 octobre 2021 à 12h00

Temps de Lecture 4 min.

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La crise du Covid-19 n’est pas étrangère à son départ, mais sa décision était prise bien avant. Amandine, qui souhaite rester anonyme, a quitté le centre hospitalier de Montauban en janvier, après seize années passées aux urgences. Depuis neuf mois, l’urgentiste a rejoint les rangs des intérimaires, ces médecins qui effectuent des remplacements et comblent les trous dans les hôpitaux.

« C’est particulier de passer de l’autre côté du miroir, alors que j’avais toujours dit jamais », confie cette femme de 46 ans. Comme de nombreuses voix dans le monde médical, elle aussi les considérait auparavant avec un œil critique, pour certains comme des « mercenaires » allant aux plus offrants.

Mais la médecin, qui navigue désormais entre des gardes aux urgences dans deux petits établissements de santé de sa région, se sent à mille lieues de ce portrait. « Moi, soit j’explosais en vol, soit je partais », dit-elle, résumant assez simplement les symptômes qu’on associe au « burn-out », de la « boule au ventre » aux « troubles du sommeil », en passant par « l’irritabilité »…

Avec l’intérim, elle a pu mettre le holà sur des horaires qu’elle ne supportait plus, avec ces gardes de nuit, de week-end, à la pénibilité toujours plus forte en avançant dans l’âge, sans compter les réunions d’organisation en plus, les projets à monter. Désormais, elle travaille un tiers de temps en moins. Elle effectue environ trois gardes de vingt-quatre heures par mois, ainsi que six à huit journées de remplacement, pour gagner 5 000 euros net, contre 6 500 euros auparavant.

« Faire du soin, et du bon soin »

La crise sanitaire a fait office de révélateur, comme de nombreux soignants l’ont exprimé à la sortie de la première vague de Covid-19, en dénonçant le retour à « l’anormal » : « On a vu pendant le Covid que tout pouvait être plus simple aux urgences », résume Amandine. Terminé le casse-tête pour trouver des places d’hospitalisation, l’agressivité des patients, ou encore le flux d’entrées si important… « Ça a joué sur le sens de notre travail, ça m’a confirmé que je voulais faire du soin, et du bon soin », reprend-elle.

Que pense-t-elle du plafonnement des rémunérations des intérimaires, une promesse faite par le ministre de la santé, Olivier Véran, en juillet 2020 ? Elle y voit plutôt une « bonne chose », mais cela ne la convaincra nullement de retourner à l’hôpital. « Je ferai tout, mais je n’y reviendrai pas, je sais que ça ne peut pas changer », dit-elle, se préparant à une reconversion, dans les mois qui viennent espère-t-elle, en médecine libérale.

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