Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Fragments de France

Après la crise, encore la crise : la Pitié-Salpêtrière à bout de souffle

Par  et Julie Balagué (Photos)
Publié le 20 octobre 2021 à 06h00, modifié le 28 octobre 2021 à 10h42

Temps de Lecture 18 min.

En cette fin d’après-midi de septembre, un arc-en-ciel s’étire dans le ciel orageux, au-dessus des toits gris de Paris. Depuis la terrasse du bâtiment Eole, inauguré il y a deux ans, l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière a des airs de carte postale. Des jardins arborés d’où émergent le dôme d’une magnifique chapelle, des édifices classés du XVIIsiècle et, à l’horizon, le Sacré-Cœur et le Panthéon. Depuis ce vaisseau amiral de la médecine française, on aperçoit aussi les livres ouverts de la bibliothèque François-Mitterrand et les nouvelles tours Duo, de l’architecte Jean Nouvel, qui dominent le 13e arrondissement.

100 « Fragments de France »

A six mois de l’élection présidentielle, Le Monde brosse un portrait inédit du pays. 100 journalistes et 100 photographes ont sillonné le terrain en septembre pour dépeindre la France d’aujourd’hui. Un tableau nuancé, tendre parfois, dur souvent, loin des préjugés toujours. Ces 100 reportages sont à retrouver dans un grand format numérique.

« Plus grand hôpital d’Europe », « ville dans la ville », comme on le dit souvent, avec ses allées et ses rues, la Pitié-Salpêtrière est une mosaïque architecturale où les vieilles pierres côtoient les façades grisâtres des années 1970-1980 et le verre étincelant des constructions contemporaines. Debout face au panorama, dans son pyjama bleu, Alexandre Demoule, chef du service de réanimation médicale, désigne son ancien bureau, dans l’aile Montyon. « La peinture s’écaillait, les faux plafonds me tombaient dessus », se souvient-il. Il l’a quitté juste à temps pour accueillir les premiers malades du Covid-19.

Les rues dans l’enceinte de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, le 7 septembre 2021.
Dans les bâtiments de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, le 7 septembre 2021.
Vue du service des réanimations, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, le 10 septembre 2021.

« Il n’y aura plus personne pour mon pot de départ »

Dans une heure, il a rendez-vous dans un karaoké près du Châtelet pour fêter le départ de Boye, une aide-soignante qui travaille depuis huit ans dans le service et s’engage dans des études infirmières. Mais il n’y a pas que des happy ends. Depuis le début de l’été, environ la moitié des infirmières et des aides-soignantes ont ainsi quitté le service. « Je n’ai jamais vu autant de personnes qui partaient. Je suis frappé », soupire le réanimateur, assis près d’un tee-shirt à l’effigie de Jacques Chirac et barré de la formule « Un chef, c’est fait pour cheffer », offert par des internes. Sur la petite table basse, un exemplaire de la revue Prescrire consacré au burn-out des soignants. « C’est le hasard, je ne l’ai pas déposé hier ! » promet-il, en souriant.

Mais c’est bien le sujet qui occupe toutes les conversations en ce moment. « Fatigue », « épuisement », « lassitude », les mêmes mots résonnent dans tous les couloirs de l’hôpital, mêlés à la colère et à la tristesse, car lâcher ce métier est souvent un crève-cœur. Le point de bascule a eu lieu au moment de la troisième vague. « Après le discours d’Emmanuel Macron en mars [demandant “un effort supplémentaire aux soignants”], beaucoup se sont dit “mais quelle condescendance !” », se souvient Alexandre Demoule. Comme plusieurs de ses pairs à la Pitié-Salpêtrière, il a profité des projecteurs braqués sur l’hôpital pour sonner l’alerte, interpellant le président de la République. « Rien ne s’est rien passé depuis », constate-t-il, écœuré par cette indifférence.

Il vous reste 87.21% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.