On les trouve essentiellement à Paris et dans les Hauts-de-Seine, où jusque tard le soir ils conseillent et défendent des grandes entreprises, institutions financières et autres fonds. Les avocats du barreau d’affaires forment un clan à part dans leur profession. « S’ils représentent 20 % du barreau, ils constituent, en réalité, 80 % du chiffre d’affaires global des avocats en France », explique Caura Barszcz, directrice de la publication « Juristes associés ».
« Le double diplôme, un quasi-prérequis »
L’une de leurs spécificités tient à leur parcours d’études. Parmi les jeunes avocats d’affaires, on trouve une grande part de « doubles diplômés », qui sont passés par l’école du barreau et par une école de commerce ou un institut d’études politiques. Certains ont obtenu un barreau étranger. Ceux qui n’ont été « qu’à » l’université présentent, quant à eux, un parcours universitaire d’excellence.
« Si un diplôme d’avocat est suffisant pour le barreau traditionnel, le double diplôme est devenu un quasi-prérequis pour les cabinets d’affaires de premier ordre. Au minimum, il faut un très bon cursus universitaire et une parfaite maîtrise de l’anglais, par exemple avec un LLM [master anglo-saxon en droit] », explique Martin Chevillard, ex-avocat, fondateur du cabinet de recrutement Chevillard Executive. « Aujourd’hui, les annonces de collaboration dans les cabinets majeurs d’affaires à Paris mentionnent tous une double formation », souligne l’avocat d’affaires Frédéric Le Lay, qui a lui-même effectué un double parcours.
Un outil de sélection
Dans les années 1990, la financiarisation de l’économie, l’augmentation des échanges internationaux, la fusion entre les professions d’avocat et de conseil juridique ainsi que l’installation de cabinets anglo-saxons à Paris transforment considérablement la profession. Le barreau d’affaires cherche à attirer ceux qui parlent anglais et qui comprennent les enjeux liés au « business ». Or on ne les trouve pas sur les bancs de la faculté de droit.
Les étudiants qui s’ennuyaient en école de commerce ont trouvé dans le droit la stimulation intellectuelle qu’ils avaient en prépa HEC
« Sentant que certains étudiants risquaient de partir étudier le droit à l’étranger, beaucoup de facultés de droit françaises ont développé des enseignements en anglais, des doubles cursus, des partenariats avec de grandes écoles. Les cabinets d’affaires ont également pesé pour le développement de doubles diplômes droit-management. Ils recherchent des collaborateurs et collaboratrices qui parlent autant la langue du droit que celle des affaires », explique Emilie Biland, professeure de sociologie à Sciences Po et spécialiste des métiers du droit.
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