«Un agent de sécurité n’est plus un vigile» : dans l’Eure, un ancien du GIGN forme ses recrues pour faire face à toutes les situations

Fondateur du groupe SP2, Pascal Aumont a décroché le contrat de la formation des agents de sécurité pour la Région Normandie.

L’ex-GIGN Pascal Aumont forme des agents de sécurité et des gardes du corps à Vernon (Eure). #PRESSE30
L’ex-GIGN Pascal Aumont forme des agents de sécurité et des gardes du corps à Vernon (Eure). #PRESSE30

    Le regard bleu azur, réfléchi et posé, Pascal Aumont est le fondateur de la SP2 Holding, installée à Vernon dans l’Eure. La société comprend trois branches : audits de sûreté et de sécurité, placement de gardes du corps, et la dernière née, formation à tous les métiers de la sécurité des agents de sécurité et de protection rapprochée. « Elle a vu le jour, car je n’en trouvais pas à mon niveau d’exigence ».

    Et pour cause, pur produit de l’armée, Pascal Aumont fut fusilier marin, gendarme mobile pendant 17 ans à Châtellerault, puis pendant 10 ans dans le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN). « J’ai eu l’honneur de recevoir mon diplôme des mains de Paul Barril et mon arme de Christian Prouteau, les deux fondateurs », raconte Pascal Aumont.



    Homme d’action, il est intervenu dans des opérations risquées partout dans le monde, mais surtout lors de la prise d’otage du vol Air France 8969 à Marignane le 26 décembre 1994, où furent délivrés 229 otages et abattus quatre membres du Groupe islamique armé : « Ce fut violent physiquement et psychologiquement. Nous ne savions pas si nous allions revenir, car ils étaient lourdement armés et un avion est un gruyère. Notre force fut notre préparation et notre formation », avoue l’ancien gendarme. C’est sur ces préceptes qu’il délivre aujourd’hui plus d’une soixantaine de cartes professionnelles par an chez SP2 Formation.

    De plus en plus de besoins en sécurité

    Originaire de La Réunion, Pascal Aumont a quitté en 1997 les mythiques hommes de l’ombre pour créer quelques mois plus tard une société de sécurité sur l’Île Bourdon, qui a revendu en 2018. Il est revenu à La Défense (Hauts-de-Seine) pour ouvrir sa holding, puis s’est installé en 2019 sur le Campus de l’Espace à Vernon : « Après les attentats à Paris, la Grande Arche n’était plus adaptée pour nos entraînements. Cela créait du stress autant pour les gars que le public. Ici, nous avons maintenant des infrastructures exceptionnelles ».

    Effectivement, entre des blocs de bureaux, des installations industrielles, une zone classée et protégée et une immense forêt, les stagiaires peuvent aborder toutes les demandes spécifiques. « Il y a de plus en plus de besoins en sécurité depuis les attentats, une délinquance qui change et la crise sanitaire. Un agent de sécurité n’est plus un vigile. D’ailleurs, j’ai horreur de ce terme ! » détaille le fondateur.

    Ainsi, pour décrocher leur sésame délivré par le Conseil national des activités privées de sécurité (CNPAS) rattaché au ministère de l’Intérieur, les élèves passent quatre semaines en formation (175 heures) pour les agents de sécurité et cinq semaines de plus pour les gardes du corps : « ils doivent savoir gérer les conflits entre personnes, connaître les réglementations, passer le module terrorisme pour repérer les comportements étrangers et savoir réagir à des objets suspects. Il y a aussi le module palpation et pour les Agents de sécurité renforcée (ASR) la pratique et la maîtrise des armes à feu. Tous doivent passer aussi le test de français niveau B1, car ils doivent savoir écrire et répondre à des questions. Bien entendu, casier judiciaire vierge et pas de fiche S », conclut Pascal Aumont.

    De la place aussi pour les femmes

    Avec plus de 300 agents sortis des différentes promotions, la société SP2 a été repérée par les plus grandes collectivités et entreprises : « Nous venons d’être retenu par la région Normandie pour former 21 agents par an jusqu’en 2024, notamment pour les grandes échéances qui se profilent comme les JO 2024. Je fournis aussi plusieurs gardes du corps à des chefs d’entreprise du CAC 40 pour des missions des courtes ou longues durées. Mais, attention, c’est un métier vraiment difficile, avec des contraintes notamment dans la vie privée. Je regrette d’ailleurs le manque de femmes alors qu’il y a beaucoup de demandes pour elles », reconnaît Pascal Aumont.

    À l’heure actuelle, ces formations personnelles et volontaires ne sont pas financées par les dispositifs habituels. « Il faut compter en moyenne 3 800 euros, mais après cela, on est un vrai professionnel, assure Pascal Aumont. Je fais en sorte que tous mes stagiaires aient un travail en sortant. »