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Fragments de France

A Bruxelles, le refuge des « brebis galeuses » de Parcoursup

Par  (Bruxelles, envoyée spéciale) et Virginie Nguyen Hoang/Hans Lucas (Photos)
Publié le 20 octobre 2021 à 03h45, modifié le 28 octobre 2021 à 06h50

Temps de Lecture 8 min.

Dans quelques minutes, les portes de l’auditoire Janson, qui ressemble à une immense salle de cinéma avec ses fauteuils rouges, s’ouvriront pour la cérémonie d’accueil des nouveaux inscrits dans les facultés de sciences humaines, sciences exactes et pharmacie. Deux milliers d’étudiants découvriront des lieux qui leur seront bientôt familiers. Parmi eux, plusieurs dizaines de Français, dont la plupart n’auraient jamais prédit qu’une fois leur bac en poche, ils débuteraient leurs études dans un autre pays que le leur.

100 « Fragments de France »

A six mois de l’élection présidentielle, Le Monde brosse un portrait inédit du pays. 100 journalistes et 100 photographes ont sillonné le terrain en septembre pour dépeindre la France d’aujourd’hui. Un tableau nuancé, tendre parfois, dur souvent, loin des préjugés toujours. Ces 100 reportages sont à retrouver dans un grand format numérique.

Bienvenue à l’Université libre de Bruxelles (ULB), îlot-refuge pour les étudiants empêchés de poursuivre leur cursus dans l’Hexagone. « Ici, ils m’ont donné ma chance » : la phrase est sur toutes les lèvres de ces jeunes qui font leurs premiers pas au Solbosch, campus central de cette université de 35 000 étudiants, fondée en 1834 et répertoriée comme la meilleure université belgo-francophone par le classement de Shanghaï.

Tout juste bacheliers, ces jeunes ont dû se résigner à quitter la France face aux multiples refus qui leur ont été signifiés sur Parcoursup, la plate-forme d’affectation dans l’enseignement supérieur. L’ULB accueille aussi des étudiants plus âgés, à qui l’entrée en master, après une licence obtenue en France, a été refusée.

Des stands d’information à destination des nouveaux étudiants ont été dressés sur le campus de Solbosch, siège de l’Université libre de Bruxelles, le 13 septembre 2021.
Sur le campus du Solbosch de l'Université libre de Bruxelles, le 14 septembre 2021.

Entre 2017 et 2018 – dernières données officielles disponibles –, l’agence gouvernementale Campus France avait noté une progression de 40 % de l’effectif des étudiants français en Belgique, au nombre de 15 000. Cette tendance se poursuit nettement à l’ULB. A la rentrée 2020, en pleine crise sanitaire, les Français représentaient 12,4 % des étudiants (soit plus de 4 300), en hausse de 25 % sur cinq ans. Selon les projections de l’établissement, ils devraient être encore plus nombreux en 2021.

Un élitisme français contre-productif

On savait que « le plat pays » était le premier asile des Français dans les filières médicales et paramédicales, notamment vétérinaire, dentaire et kinésithérapie, qui ont fini par instaurer un quota maximal d’accueil de 30 %. Désormais, l’ensemble des cursus est concerné. « Les Français sont notre plus grosse communauté d’étudiants étrangers (40 %), devant les Italiens (7,4 %), détaille Annemie Schaus, rectrice de l’ULB. En philosophie et en sciences sociales, ils sont 17 %, en médecine 16 % et en sciences de la motricité 15 %. On compte aussi 14 % de Français en psychologie, 9 % en architecture… Ils sont même 5 % en droit, ce qui est beaucoup pour un cursus de droit belge ! »

Comme 12 % des étudiants qui s’inscrivent à l’ULB, Manon Biseau (à gauche) et Tilao Tchiombiano viennent de France pour suivre des études de science politique à Bruxelles, le 13 septembre 2021.

L’ULB tend un miroir à la France, celui d’un élitisme qui entrave sa propre jeunesse malgré de grands discours sur l’universalisme hérité des Lumières. « Dès qu’une mesure sélective est prise chez vous, cela se ressent ici », analyse sans fard Mme Schaus, en référence à la création de Parcoursup et à la sélection en master. Deux réformes qui, dit-elle, « drainent des étudiants exclus des études en France ».

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