« One more thing. » Alors que s’étirait, jeudi 28 octobre, depuis plus d’une heure, sa conférence virtuelle, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a repris les recettes de Steve Jobs, le fondateur d’Apple, qui aimait à livrer ses annonces les plus importantes à la fin de ses interventions. Oubliez Facebook, bienvenue à Meta : un nouveau nom pour une nouvelle raison d’être.
La nouvelle appellation ne porte pas sur le réseau social si populaire (autour de 3 milliards d’utilisateurs), mais sur la structure qui chapeaute aussi des applications telles que Instagram, WhatsApp ou d’autres activités plus méconnues, comme celles touchant à la réalité virtuelle (Facebook Reality Labs). « A l’heure actuelle, notre marque est tellement liée à un seul produit qu’il lui est impossible de représenter tout ce que nous faisons aujourd’hui, et encore moins ce que nous ferons à l’avenir », a expliqué M. Zuckerberg.
Meta renvoie au concept de métavers, très en vogue, porté actuellement par des sociétés telles que Epic Games, Roblox ou Facebook, qui permettrait à chaque utilisateur d’avoir une expérience de vie numérique totale sous forme d’avatar. Ici pour participer virtuellement à une réunion de travail et partager ses documents, là pour rejoindre des amis et regarder un film, sans aucune friction entre les services. « C’est ce qui va survenir après Internet : au lieu de regarder un écran, vous allez être plongés dans l’expérience elle-même », explique Andrew Bosworth, responsable de Facebook Reality Labs.
Une certaine constance
L’annonce faite par Facebook peut paraître parfaitement opportuniste à un moment où le premier réseau social du monde est l’objet des plus vives critiques à la suite d’une série d’articles dans la presse américaine, puis européenne, dont Le Monde, réalisés grâce aux révélations d’une lanceuse d’alerte, Frances Haugen, qui montrent que le groupe a choisi d’ignorer une partie des dangers liée à son activité – contenus toxiques sur Instagram pour les adolescents, désinformation qui nuit à la démocratie… – par souci de préserver ses profits.
Ces révélations ont ravivé les hostilités contre l’entreprise, en particulier dans la classe politique américaine, et pesé sur son cours en Bourse (– 17 % depuis fin août). Le créateur de Facebook a d’ailleurs tenu à se défendre lors de la conférence : « Je suis fier de ce qu’on a bâti », a-t-il dit. Même si, avec Meta, M. Zukerberg souhaite manifestement tourner une page marquée par des épisodes peu glorieux pour Facebook, il faut lui reconnaître une certaine constance. Il a été parmi les premiers promoteurs majeurs du métavers, persuadé que la réalité virtuelle ferait entrer les réseaux sociaux dans une nouvelle dimension.
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