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Enquête

L'alimentation passée au crible de l'écologie

Les industries de la viande et laitière sont parmi les plus émettrices de GES. Le marché de l'alimentation végétale devrait décoller d'ici à 2030.

L'élevage de viande bovine génère des émissions massives de CO2 et mobilise l'utilisation d'une grande quantité de terres agricoles.
L'élevage de viande bovine génère des émissions massives de CO2 et mobilise l'utilisation d'une grande quantité de terres agricoles. (Nati Harnik/AP/SIPA)

Par Bruno Battail

Publié le 2 nov. 2021 à 07:00Mis à jour le 2 nov. 2021 à 16:12

Selon le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), rendu public le 9 août de cette année, la limite des 1,5 degré de réchauffement à l'horizon 2100 fixé par l'Accord de Paris « sera dépassée au cours des prochaines années » . D'après une étude publiée en 2018 par l'Institute for agriculture and trade policy (IATP), et GRAIN, une ONG internationale, les grands producteurs de viande et de produits laitiers « pourraient devenir les plus grands pollueurs climatiques de la planète » à l'horizon 2050.

Gaz digestifs des bovins, production et transport d'aliment pour les animaux, déforestation… Les trois plus importantes entreprises mondiales de la viande et du lait, JBS, Tyson et Cargill, émettaient déjà à elles seules plus de gaz à effet de serre (GES) que la France, et les cinq premières davantage que les géants du pétrole comme Exxon, Shell ou BP, précise le rapport.

La forêt amazonienne sacrifiée pour le soja

En avril 2021, l'ONG Nature climate change alarmait à son tour : « Avec 4,45 milliards de tonnes rejetées contre 3,78 milliards de tonnes stockées, la forêt amazonienne brésilienne, victime de l'activité humaine, a rejeté entre 2010 et 2019 plus de carbone qu'elle n'en a absorbé ». Pour Greenpeace, l'utilisation des terres à des fins d'élevage ou de culture du soja pour l'alimentation des animaux en est la raison à hauteur de 65 %. « On a une part de complicité », reconnaissait Emmanuel Macron à l'été 2019 sur France 2, à propos des incendies en Amazonie. Faisant part également de sa volonté de « recréer la souveraineté protéinique de l'Europe ».

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Sur la période 2019-2020, la France a importé du Brésil un peu plus de 2,9 millions de tonnes de tourteaux de soja pour l'alimentation des animaux selon Terre Univia. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (UNFAO), 77 % des terres agricoles dans le monde sont utilisées pour l'élevage. Des terres qui ne produisent que 18 % des calories et 37 % des protéines mondiales.

Un nouveau marché alternatif à l'animal

La nécessité de faire évoluer les modèles alimentaires ouvre de solides perspectives de marché à l'alimentation végétale. Celle-ci est aussi portée par des annonces symboliques. En janvier dernier, le Guide Michelin a ainsi décerné une étoile à une cheffe végane, Claire Vallée, et en mai, le célèbre restaurant new-yorkais Eleven Madison Park a décidé de se tourner vers le végétal. Viandes et laits végétaux, viande de culture : le marché de l'alternative à l'animal est engagé dans une forte croissance. Il pourrait atteindre 162 milliards de dollars d'ici à 2030, contre 29,4 milliards en 2020 selon un rapport publié cet été par Bloomberg Intelligence.

Des masques « anti-rots »

Le géant américain de l'agroalimentaire Cargill devrait lancer dès 2022 des masques « anti-rots » pour absorber le méthane renvoyé par les vaches (49 % des émissions mondiales de GES de l'élevage). En France, l'Inrae réfléchit plutôt à « l'application d'une alimentation de précision » des vaches laitières. Les Français, eux, se tournent de plus en plus vers une alimentation végétale. Et même s'ils ne sont que 0,6 % à être végétaliens, 48,7 % limiteraient leur consommation de protéines animales en devenant flexitariens, selon une étude de Kantar Worldpanel parue en octobre.

Conscients également de l'importance du bien-être animal, 84 % déclarent dans un sondage Ifop réalisé en septembre considérer la protection des animaux comme une cause importante, et 47 % pourraient voter à la prochaine présidentielle pour un candidat en fonction notamment de ses propositions sur le bien-être animal.

Bruno Battail

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