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Décryptage

Pénuries de personnel : les hôpitaux ne parviennent pas à se relever après dix-huit mois de Covid

Dans les hôpitaux, le nombre de postes vacants de personnels paramédicaux s'est accru d'un tiers en un an, selon le gouvernement, qui conteste le fait que 20 % des lits soient fermés. Certains soignants ont décidé de changer de vie. D'autres préfèrent vacciner dans un centre.

En Ile-de-France, le manque de personnel soignant est patent à l'AP-HP, mais aussi dans le secteur privé non lucratif.
En Ile-de-France, le manque de personnel soignant est patent à l'AP-HP, mais aussi dans le secteur privé non lucratif. (Simon LAMBERT/HAYTHAM-REA)

Par Solveig Godeluck

Publié le 28 oct. 2021 à 18:22Mis à jour le 29 oct. 2021 à 08:55

Une enquête sur la réalité des pénuries hospitalières ; une autre enquête pour comprendre pourquoi 1.300 étudiants infirmiers ont démissionné depuis 2018 et, en cas de besoin, un plan blanc prêt à l'emploi si les tensions dans certains services d'urgence se font trop fortes, avec possibilité de mettre en place des « solidarités territoriales ». Ce jeudi, lors d'un déplacement à l'hôpital de Blois, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a réagi à l'inquiétude qui monte sur le thème des lits fermés dans les hôpitaux faute de personnel soignant.

Il a aussi tenté de relativiser le problème. « Ici à Blois, 5 lits de médecine sont fermés de façon conjoncturelle sur 230 », a-t-il minoré, en affirmant travailler sur « la continuité et la sécurité des soins » avec les Agences régionales de santé, ce qui est « plus important » que de « trouver des lits ». Les difficultés seraient notamment liées à la bronchiolite , qui n'a pas attendu novembre cette année pour se diffuser, avec 2.300 hospitalisations la semaine dernière.

Le ratio contesté de 20 % de lits fermés

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C'est la mise en avant par « Libération » mercredi d'un ratio alarmant qui a mis le feu aux poudres : « environ 20 % » des lits seraient fermés, selon une annexe du rapport du 5 octobre du Conseil scientifique, qui évoque des « données concordantes recueillies auprès des grandes structures hospitalières du pays dans les plus grandes régions françaises », sans préciser la méthode.

Le phénomène touche « tous les secteurs de soins (médecine dont soins critiques, chirurgie et obstétrique), mais aussi à un moindre degré les services de pédiatrie (réanimation et hospitalisation conventionnelle), qui dans certaines régions sont déjà en tension alors que nous sommes qu'au début des épidémies automnales et hivernales virales hors Covid », alerte l'organisme présidé par Jean-François Delfraissy.

Ce ratio, le ministre de la Santé le conteste , même s'il ne nie pas les tensions en hausse. Ses services ont sondé 16 centres hospitalo-universitaires et noté une augmentation d'un tiers des postes vacants de paramédicaux par rapport à l'automne 2019. L'absentéisme est en hausse et les démissions se sont accélérées en 2021.

Une situation très tendue en Ile-de-France

Le problème est national, mais la situation est particulièrement tendue en région parisienne, ce que reconnaît le ministère. A l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, plus de 1.000 infirmières généralistes manquent à l'appel, au moins deux fois plus qu'il y a un an. Selon la direction, alors que 9 % des lits étaient fermés en 2019, le pourcentage fluctue entre 15 et 20 % chaque semaine en ce moment en médecine et en chirurgie et il se maintient à 20 % en soins de suite.

Le secteur privé non lucratif est également touché. Des centres de cancérologie doivent transférer des patients dans le public. A l'hôpital Foch de Suresnes, 10 % des lits sont fermés, déplore le directeur, Jacques Leglise. « On a eu des départs deux fois plus importants que d'habitude cet été, et surtout, on a eu très peu de candidatures à la rentrée », note-t-il.

La vaccination obligatoire n'a eu qu'un « effet modeste » (3 infirmières en moins sur 700 à Foch), selon Jacques Leglise, qui explique la pénurie par trois facteurs : d'abord, un déficit de 30 % des inscriptions dans les cursus de formation d'infirmiers de l'Assistance publique il y a trois ans, ensuite un « effet post-Covid », avec des reconversions professionnelles ou des déménagements en province, et enfin « les centres de vaccination, qui ont attiré pas mal d'infirmiers », avec de bonnes rémunérations et aucune garde du soir.

La lenteur des réformes

Face aux difficultés des hôpitaux , Olivier Véran a dû se justifier, mercredi, dans « Libération ». « Je n'ai pas de médecins cachés dans le placard, ni des infirmières qui attendent dans une salle qu'on appuie sur un bouton pour les déployer dans les hôpitaux », a-t-il lâché en renvoyant aux « décisions qui n'ont pas été prises il y a vingt ans ».

Depuis 2019, le numerus clausus a été supprimé, et le « Ségur de la santé » a revalorisé de 10 milliards les rémunérations hospitalières. Des crédits sont prévus pour recruter 15.000 soignants et retaper l'hôpital. Mais il semble impossible que la situation s'améliore rapidement.

Solveig Godeluck

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