Le compte personnel de formation continue de doper les demandes
La possibilité d'acheter en direct des formations via l'application mobile Mon Compte Formation a suscité un afflux de demandes, montrent plusieurs études rendues publiques ce jeudi. Mais ce ne sont pas toujours des formations certifiantes ou qualifiantes.
C'est une réussite. La possibilité pour chacun d'utiliser les euros épargnés sur son compte personnel de formation (CPF) via l'application mobile Mon Compte Formation, qui a été lancée en novembre 2019, a dopé le dispositif, montrent des travaux publiés ce jeudi par la Direction de la recherche du ministère du Travail (Dares) et la Caisse des Dépôts.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 2020, 984.000 formations ont été suivies, soit près du double de 2019, souligne la Dares. Et le nombre pourrait encore avoir doublé cette année. Sur les six premiers mois de 2021 le nombre de dossiers est équivalent à celui de l'ensemble de 2020. La part du CPF dans les formations professionnelles continues est, elle, passée de 4,8 % à 10,5 %.
Plus de femmes
L'option d'achat direct a en outre permis d'élargir l'accès à la formation professionnelle et ainsi, de « rapproche[r] la structure des bénéficiaires de celle de la population active », souligne la Dares. Désormais, « les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à bénéficier de formations depuis le démarrage de Mon Compte Formation », précise la Caisse des Dépôts (50 % des dossiers contre 45 % avant).
Les non-cadres aussi, qui représentent 81 % des dossiers contre 72 % auparavant, avec une forte hausse du nombre d'employés en particulier, et des salariés les moins bien rémunérés. Les demandeurs d'emploi, gros consommateurs, ont également accru leurs demandes de formation sans intermédiaire.
Une demande de formation diversifiée
La progression est particulièrement forte dans le transport et l'entreposage, la banque-assurance et dans l'hébergement-restauration. Dans ce dernier secteur, particulièrement touché par la crise sanitaire , qui a provoqué la fermeture des établissements de longues semaines, nombre de salariés en chômage partiel ont utilisé leur temps libre à se former. A contrario, dans l'industrie, le chômage partiel ne s'est pas accompagné d'une hausse du recours au CPF.
Autre effet plutôt positif, l'achat direct a diversifié la demande de formation, « en l'étendant davantage au domaine du développement des capacités d'orientation et d'insertion et à celui de l'informatique ».
Rouvrir le dossier
Mais la hiérarchie s'est modifiée, avec une rétrogradation de la place des langues, jusque-là la plus prisée, derrière la préparation au permis de conduire. «Or ce n'est pas vraiment pour ça qu'on a créé le CPF», note un syndicaliste. En outre, les formations aux savoirs de base via la préparation au certificat de connaissances et de compétences professionnelles (CléA), rarement choisies spontanément, ont marqué le pas.
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Comment les régions poussent leurs actifs vers des formations ciblées
« Le choix s'est en outre porté davantage sur des formations courtes, mais ce point doit être relativisé car la possibilité de bénéficier de financements supplémentaires de Pôle emploi, de l'Etat, des employeurs et des conseils régionaux n'a été ouverte que progressivement à partir de l'été 2020 », précise la Dares.
Ces évolutions justifient pour les partenaires sociaux à l'origine du dispositif, et que l'Etat s'est ensuite approprié, le fait de rouvrir le dossier alors que le succès du CPF contribue, avec l'apprentissage, à plomber les comptes de France Compétences , qui pourrait accuser un déficit de 3,4 milliards d'euros à la fin de l'année, de source syndicale. Le sujet sera abordé dans le cadre des discussions que patronat et syndicats vont engager à la suite de l'accord qu'ils ont conclu mi-octobre .
Leïla de Comarmond