En 25 ans, la Fondation du Patrimoine a accompagné 35.000 restaurations
Le Salon du patrimoine culturel revient du 28 au 31 octobre au Carrousel du Louvre à Paris. Le mécénat joue un rôle clé dans la santé du secteur de la restauration.
Par Martine Robert
Le Salon International du Patrimoine Culturel revient du 28 au 31 octobre au Carrousel du Louvre à Paris, avec 330 exposants : ateliers d'art, manufactures, entreprises de restauration, écoles spécialisées… « Cette 26e édition se tient dans un contexte crucial, à travers un premier état des lieux depuis la réouverture des sites et la mise en place du plan de relance » rappelle Aude Tahon, présidente des Ateliers d'Art de France (AAF), l'organisateur de l'événement.
Sur fond de retards pris lors des confinements, « l'avancée des chantiers du patrimoine est un enjeu prioritaire, après les désorganisations logistiques accompagnées de hausses de coûts et de difficultés d'accès aux matières premières » poursuit Aude Tahon.
Notre-Dame à l'honneur
Parmi les réhabilitations les plus emblématiques mis en avant au Salon, celui de Notre-Dame de Paris, à travers l'exposition « Restaurons-Notre-Dame ! » réalisée avec les AAF et la Fédération des Compagnons du Tour de France. Le clou en est « La Forêt » des charpentes exécutée par trois jeunes itinérants charpentiers.
En France, les 38.000 ateliers d'art représentent près de 60.000 emplois et génèrent un chiffre d'affaires de 8 milliards d'euros, irriguant tout le territoire. Et ils ne représentent qu'une partie des métiers de la filière comme le montre l'étude lancée par la Fondation du Patrimoine. A l'aube de ses 25 ans et après avoir accompagné 35.000 restaurations, celle-ci a souhaité mesurer l'impact de son mécénat avec le cabinet Pluricité.
Effet levier considérable
Il apparaît que 1 euro apporté par la Fondation à un projet de restauration a généré en moyenne 21 euros de retombées économiques directes, indirectes ou induites, durables.
Ces chantiers qui dynamisent l'offre touristique et culturelle, la Fondation en a soutenu 3.360 en 2019 avec 55 millions apportés, ce qui a généré 568 millions d'euros de travaux et 1,2 milliard de retombées pour l'économie. Pendant cette période, plus de 15.800 emplois équivalents temps plein ont été aidés, dont un millier en insertion.
800 bénévoles
L'étude souligne aussi la capacité de la Fondation, forte de ses 800 bénévoles répartis dans 22 délégations et de ses 70 millions de budget, à fédérer les secteurs publics et privés. C'est à l'aune de ces conclusions que la structure philanthropique renouvelle sa « Dotation impact » de 1,3 million d'euros pour récompenser 5 chantiers aux retombées socio-économiques ou environnementales particulièrement importantes.
Cette année, ont été retenus le manoir Saint-Hippolyte du Bout des Prés (Calvados), qui permettra le maintien d'une coopérative agricole valorisant la vache normande, le château de Ginestous à Toulouse (Haute-Garonne) où l'association Emmaüs hébergera 35 personnes en difficulté. Sans oublier le futur rucher de l'ancien sémaphore de l'île de Groix (Morbihan) , et l'église de Lamazière-Basse (Corrèze), censée rouvrir au public après six ans de fermeture.
Le coup de coeur de la Fondation va à la réhabilitation de la salle du Jeu de Paume à Chinon (Indre-et-Loire), datant de la Renaissance, afin d'y organiser des tournois de ce sport français méconnu.
Plateforme de dons
La France possède un très riche patrimoine avec 46.000 sites classés ou inscrits dont 40 au patrimoine mondial de l'Unesco. On estime que le tout engendre 15 milliards d'euros de retombées liées au tourisme culturel et 500.000 emplois. Un quart de ces bâtiments est en mauvais état et la Fondation joue un rôle clé en soutenant à 82 % du patrimoine non protégé, situé qui plus est à 80 % en zone rurale (moins de 2.000 habitants).
Le ministère de la Culture pour sa part consacre 430 millions d'euros en 2021 pour l'entretien et la restauration des monuments historiques. Ce qui n'empêche pas les sites de solliciter du mécénat privé en complément. Chambord a ainsi lancé sa plateforme de dons en ligne pour financer la rénovation de quatre salles dédiées aux oeuvres que le château abrita pour les sauver de la destruction pendant la seconde guerre mondiale.
Martine Robert