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Résultats scolaires : « Il y a toujours une pénalité de l’immigration »

La France fait moins bien que certains pays comparables de l’OCDE en ce qui concerne la répartition de la population immigrée, dont les enfants ont tendance à se retrouver dans les mêmes écoles. Une ségrégation scolaire qui a des conséquences sur leurs performances.

Propos recueillis par 

Publié le 28 octobre 2021 à 11h00, modifié le 19 janvier 2022 à 10h38

Temps de Lecture 4 min.

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Noémie Le Donné, chercheuse et analyste des politiques éducatives à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), revient sur les conséquences de la ségrégation scolaire sur les trajectoires des enfants d’immigrés, et les stratégies pour y remédier.

Quelle est la situation des enfants d’immigrés dans les écoles françaises ?

Selon les données de l’étude PISA [Programme international pour le suivi des acquis], en 2018, il y avait 14,3 % d’enfants dits « d’origine immigrée » en France. Parmi eux, 9,6 % ont des parents nés à l’étranger, et 4,7 % sont eux-mêmes nés à l’étranger et arrivés en France au cours de leur enfance.

En France, la répartition des élèves dans les écoles est basée sur un système de carte scolaire qui dépend du lieu de résidence. Comme certains quartiers sont fortement ségrégués, les élèves issus de l’immigration ont tendance à être regroupés dans les mêmes établissements. Sur le volet de la ségrégation scolaire, la France se situe dans la moyenne de l’OCDE, au même niveau que les Pays-Bas ou encore la Belgique, qui ont une histoire migratoire proche de la nôtre. En revanche, l’Allemagne, qui a aussi une histoire et un profil de population immigrée similaire au nôtre, fait mieux que nous.

Quelles en sont les conséquences sur les résultats des élèves ?

Notre taux d’élèves immigrés « académiquement résilients », c’est-à-dire ceux qui ont de bons résultats, est de 13 %, toujours selon PISA 2018. C’est moins que la moyenne de l’OCDE, de 17 %. La concentration, dans les mêmes établissements, des élèves immigrés, qui sont en majorité issus de milieux défavorisés, a plusieurs conséquences. A court terme, elle peut avoir un effet positif sur l’intégration, mais les trajectoires scolaires, qui se jouent sur le long terme, s’en ressentent. Y compris parce que les parents d’élèves accueillis par leur communauté d’origine vont moins facilement apprendre la langue. Cela crée aussi des problèmes d’attractivité, car les bassins scolaires défavorisés sont peu prisés des enseignants expérimentés. Elle joue enfin sur les aspirations des élèves : entre pairs défavorisés, les objectifs sont moins élevés.

La littérature scientifique montre que, lorsque l’on neutralise l’origine socio-économique, l’écart entre les enfants d’immigrés et les autres se réduit. Autrement dit, c’est surtout le fait d’être pauvre qui joue dans les résultats scolaires…

Les écarts de performances entre enfants immigrés et non immigrés se réduisent en effet si l’on contrôle l’origine socio-économique des familles. C’est aussi ce qui explique les mauvaises performances de la France, qui connaît une immigration plutôt défavorisée et peu diplômée, par opposition à l’Australie ou au Canada. Mais on n’épuise pas complètement le sujet en disant cela. Il y a toujours une pénalité de l’immigration, une sorte de « coût d’entrée ». Le fait de s’adapter à un nouveau système, dans une nouvelle langue, joue sur les résultats, de même que ne pas pratiquer la langue du pays d’accueil à la maison, ou même dans la cour de récréation.

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