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Le manga met l'édition française en ébullition

Le succès de ce genre littéraire, arrivé en France il y a trente ans, s'amplifie puisqu'il représente une BD vendue sur deux. Derrière le leader du marché Glénat, de nouvelles maisons se créent et des auteurs français s'y intéressent.

Le marché se développe avant tout grâce aux moyens importants des grands éditeurs pour acquérir les droits des titres à succès et les diffuser en France sous licence.
Le marché se développe avant tout grâce aux moyens importants des grands éditeurs pour acquérir les droits des titres à succès et les diffuser en France sous licence. (JOEL SAGET/AFP)

Par Frank Niedercorn

Publié le 5 nov. 2021 à 11:05Mis à jour le 5 nov. 2021 à 13:27

Où s'arrêteront les mangas ? Le Salon Paris Manga & Sci-Fi Show qui se tient ce week-end à Paris et se présente comme le rendez-vous de la « pop culture » attend 75.000 visiteurs. La plupart d'entre eux viendront pour le manga, comme 80 % des 200 exposants. Sur un marché de la BD en croissance de 67 % en France, avec 500 millions d'euros de revenus cumulés depuis le début de l'année, selon GfK, le manga représente 30 millions de volumes vendus, soit un livre de BD sur deux. C'était un sur trois, il y a à peine une décennie.

Pendant la pandémie, les mangas ont bénéficié de la diffusion des dessins animés d'origine japonaise, les « animés » dans le jargon, dont ils sont souvent tirés. « Les animés sont un amplificateur du marché car leur public est plus large que celui des mangas », analyse Jérôme Manceau directeur marketing et communication de l'éditeur Kazé. Le pass Culture, mis en place en mai 2021 et donnant aux jeunes de 18 ans un crédit de 300 euros pour leurs dépenses culturelles, a aussi permis de doper les ventes.

Jazz et vin

Mais au-delà de cet effet conjoncturel, l'offre s'est beaucoup diversifiée. « C'est une littérature très ancrée dans la vie japonaise et tous les sujets sont abordés depuis le jazz, jusqu'à la vie des éboueurs ou le vin. J'aurais du mal à trouver un thème qui n'ait pas été traité », assure Satoko Inaba, directrice éditoriale manga chez Glénat, pionnier du secteur dans les années 1990 et qui a notamment vendu en France 1,3 million d'exemplaires de la série en 44 volumes sur le vin, Les Gouttes de Dieu.

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Chez l'éditeur grenoblois, le manga pèse désormais la moitié d'un chiffre d'affaires qui était de 67,5 millions d'euros en 2020. Les poids lourds du secteur de la BD sont aussi là : Kana (Média Participations), Pika (Hachette), Kurokawa (Editis), Delcourt ou encore Dupuis, qui a racheté le label Vega l'an dernier. Tout comme de gros acteurs indépendants, à l'image de Ki-oon né en 2003. Kazé fait office de cas particulier, puisqu'il appartient à Crunchyroll, lui-même détenu par des géants japonais du manga. D'autres éditeurs alléchés par ce marché en plein boom arrivent. A l'image d'Omaké, spécialiste de la « pop culture » qui s'est diversifié dans le manga il y a deux ans, de Noeve un éditeur de beaux livres, ou encore de Bragelonne.

French touch

Le marché se développe avant tout grâce aux moyens importants des grands éditeurs pour acquérir les droits des titres à succès et les diffuser en France sous licence entre 7 et 10 euros par volume. Glénat possède ainsi 400 titres à son catalogue, dont plus de 90% sont japonais. One Piece, la série la plus vendue s'est écoulée à 23 millions d'exemplaires en France depuis 2000. Pour entretenir le marché, le rythme de parution est soutenu avec des lancements soigneusement relayés sur les réseaux sociaux. Le mois dernier,Kazé a même été jusqu'à habiller la bibliothèque François-Mitterrand pour lancer le huitième tome de sa série Kaiju.

Si les gros éditeurs occupent l'essentiel du marché, les petits éditeurs indépendants tablent eux sur l'originalité, notamment en Nouvelle-Aquitaine. A l'image d'Akata, un pionnier né en 2001, ou encore Cornelius, FLBLB, ou Le Lézard Noir qui jouent la contre-programmation en rééditant en version plus luxueuse de grands classiques du manga. Ils lancent aussi des titres originaux, comme Gamma Draconis créé par un auteur français en collaboration avec un dessinateur japonais. Un début de « french touch » apparaît ainsi dans le manga, dont le porte-drapeau est l'auteur Tony Valente qui a été adoubé au Japon pour sa série Radiant.

Modèle de la licence

D'autres émergent, comme le dessinateur Christophe Cointault ou Cédric Biscay, scénariste de « Blitz », un manga consacré au jeu d'échecs qui s'est vendu à 40.000 exemplaires. Entrepreneur, Cédric Biscay a travaillé avec un dessinateur et une coscénariste japonais : « Je voulais rester le plus fidèle possible à l'esprit du manga japonais tout en créant une oeuvre originale sans recourir à la licence qui reste le modèle ultradominant de tous les éditeurs français. » Sa toute jeune maison d'édition, Shibuya Productions, a déjà reçu des offres pour lancer un dessin animé.

Chez Glénat, on espère encore élargir encore le lectorat avec la plateforme MangaMax, lancée récemment pour tenter de détourner les lecteurs de sites illégaux sur lesquelles des amateurs passionnés traduisent et publie les mangas avant même qu'ils soient disponibles en Europe. L'éditeur y propose une version officielle et gratuite des nouveaux épisodes mais aussi des extraits de l'ensemble du catalogue. « Glénat Manga max est une vitrine ouverte sur notre catalogue. Elle nous permet de capter un lectorat qui jusqu'alors ne consommait que du contenu illégal sur les grands titres comme One Piece », explique Satoko Inaba.

Frank Niedercorn (Correspondant à Bordeaux)

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