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Les acrobaties du cirque pour trouver de nouvelles recettes

Festival international à Auch, Nuit du Cirque dans toute la France, dîners-spectacles, animations avant et après les shows, privatisations et séminaires de team building : les circassiens réalisent des prouesses pour boucler leurs fins de mois.

La famille Alexis Gruss crée tous ses spectacles.
La famille Alexis Gruss crée tous ses spectacles. (Olivier Brajon)

Par Martine Robert

Publié le 8 nov. 2021 à 12:09Mis à jour le 8 nov. 2021 à 14:53

Le Festival du cirque actuel d'Auch a fermé ses portes le 30 octobre, après une 34e édition intense, et c'est tant mieux, car il est aussi la principale place de marché pour le cirque contemporain (par opposition au cirque traditionnel, longtemps axé sur le dressage d'animaux). Après une année marquée par l'annulation des tournées, la fragilisation des spectacles de grand format, les jauges aléatoires autorisées sous les chapiteaux ou dans les scènes publiques accueillant les compagnies, la filière était impatiente de se retrouver.

Organisé par CIRCa , l'un des treize pôles cirque de France, le festival a pu réunir 23 spectacles, 165 artistes et techniciens, les écoles de cirque et surtout, 250 professionnels. « Nous avons reçu des Canadiens, et des Européens du Nord et du Sud car la France reste une plaque tournante. Seuls les programmateurs asiatiques étaient absents alors qu'ils sont nombreux habituellement, notamment les Coréens et les Taïwanais », souligne Stéphanie Bulteau, qui gère cet événement ainsi que son pôle cirque avec un budget global de 2,2 millions d'euros. Malgré la pandémie, elle a aussi accueilli une trentaine de compagnies en résidence entre novembre 2020 et juin 2021.

Inquiétude pour la suite

Le festival a mobilisé ses 16 salariés permanents, mais aussi 170 bénévoles et plus de 70 collaborateurs chez des prestataires extérieurs. « Nous avons mis en vente 25.000 places et refusé du public à chacune des 91 représentations car nous avons proposé des jauges à taille humaine pour rassurer », précise la dirigeante.

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« Je suis en revanche plus inquiète des réactions du public pour la saison à venir : ira-t-il voir des spectacles en salle ? Certaines productions ne pourront pas trouver de débouchés malgré la diversité des lieux de diffusion possibles, tels que les scènes nationales, théâtres municipaux, cabarets pour certains. Les programmateurs, hypersollicités, vont devoir faire des reports jusqu'en 2022-2023 », ajoute-t-elle. D'autant que le secteur attire : de 93 troupes de cirque contemporain en 1990, ​on en dénombre près de 800 aujourd'hui…

Cette question de visibilité étant cruciale, la 3e Nuit du cirque organisée du 12 au 14 novembre dans toute la France, revêt une importance particulière. Initiée par Territoires de cirque avec le soutien du ministère de la Culture, elle proposera 260 spectacles, ateliers, expositions, etc. « Cette Nuit se tiendra au moment où les collectivités territoriales décideront des budgets de la culture pour 2022, dont la baisse serait très dommageable pour un champ artistique déjà en manque de moyens », pointe Philippe Le Gal, président de Territoires de cirque.

Chapiteau de 3.000 places

D'autant que les pôles cirque sont les moins bien dotés des institutions labellisées par l'Etat (Centres dramatiques ou chorégraphiques nationaux, Scènes nationales). Alors chez Alexis Gruss, où l'on se sent plus proche du cirque de création que du cirque traditionnel qui achète en grande partie ses numéros, on s'efforce de diversifier les recettes.

« Nous avons retiré le mot cirque de nos affiches depuis 2014 car notre spectacle, c'est de l'art équestre, avec des tableaux de voltige et des intermèdes comiques. Nous nous réinventons sans renier nos origines : la piste, la terre, la sciure », explique Firmin Gruss, le directeur de cette troupe de 70 personnes, dont 15 artistes, tous de la même famille, et 7 musiciens.  Chaque création « maison » revient entre 250.000 et 450.000 euros.

Il présente « Folies Gruss » l'hiver sous son chapiteau de 3.000 places, au Bois de Boulogne, l'été à Béziers, où le maire offre le terrain (autrement il peut en coûter 4.500 euros par jour dans un parc d'exposition). La compagnie aimerait s'implanter à Nice au printemps.

« Nous nous produisons aussi dans les Zénith, avec un risque financier réel : notre dernière tournée a été mise à mal par 'les gilets jaunes' et nous a laissé une ardoise de 700.000 euros », précise Firmin Gruss.

Hospitalités

Comme les subventions ne représentent que 10 % du budget, les « hospitalités » ont été développées. « Le public peut prendre un verre, se restaurer avant et après le spectacle. Nous proposons des privatisations aux entreprises avec un volet artistique ainsi que du team building, et intervenons sur des Salons du cheval, le Saut Hermès, etc. », poursuit-il. Autant d'activités qui représentent un tiers des 3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires.

« Pendant les confinements, nous avons perçu une indemnité de deux euros par cheval et par jour, autrement dit pas grand-chose ! Pour sécuriser la société, j'ai sollicité un prêt garanti par l'Etat de 300.000 euros que je rembourserai dans les cinq ans. Je suis optimiste, la billetterie repart bien ! » se félicite-t-il.

Martine Robert

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