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« Le concours “Ma thèse en 180 secondes” est un révélateur du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche »

L’exercice, importé en France en 2014, consiste pour de jeunes chercheurs à exposer leurs travaux en trois minutes chrono. Dans un entretien au « Monde », une équipe de sociologues décrit son enquête sur ce dispositif.

Propos recueillis par 

Publié le 06 novembre 2021 à 18h30, modifié le 08 novembre 2021 à 14h07

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Les sociologues Stéphane Le Lay (premier plan) et Jean Frances, le 26 octobre 2021, à Paris.

Depuis 2014, en France, cinq cents à six cents doctorants exposent, chaque année, leurs travaux de recherche en trois minutes « à un auditoire profane et diversifié », lors d’un concours en plusieurs phases, régionale, nationale et internationale. Baptisé « Ma thèse en 180 secondes » ou « MT180 », ce dispositif a fait l’objet d’une étude sociologique, tirée de quatre cents questionnaires et d’une quarantaine d’entretiens de candidats et d’organisateurs.

Deux des trois auteurs de Ma thèse en 180 secondes. Quand la science devient spectacle (Ed. du Croquant, illustrations de Rose Frances, 380 pages, 20 euros), les sociologues Stéphane Le Lay (Institut de psychodynamique du travail) et Jean Frances (Ensta Bretagne) en détaillent le contenu.

Pourquoi s’intéresser à MT180 ?

Stéphane Le Lay : Dès le début sont apparues des critiques, auxquelles nous pouvions souscrire, qui présentaient ce concours comme un dévoiement de la recherche, sa spectacularisation, ou comme le résultat de réformes néolibérales du monde scientifique… Beaucoup voyaient ce concours comme imposé de l’extérieur, ayant même un lien avec des politiques décriées dites « du nouveau management des services publics ». Des confrères trouvaient même absolument sans intérêt d’étudier cet objet. Mais la sociologie automatique a ses limites ! Quand on donne la parole aux acteurs pour comprendre ce qu’ils pensent de ce qu’ils font, on se rend compte que c’est infiniment plus riche que ce qu’on peut en dire de l’extérieur. J’y voyais aussi un nouveau terrain d’étude de ce qu’on appelle la « gamification » ou ludification au travail, une de mes spécialités.

Quelle est l’origine de cette initiative ?

Jean Frances : L’idée est venue de l’université du Queensland, en Australie, en 2008. Ses promoteurs souhaitaient que les docteurs soient capables de communiquer à partir de leurs travaux de manière différente du format purement académique, qu’ils maîtrisent. Ils pensaient qu’expérimenter ce rapport à la vulgarisation avec des outils de communication différents leur permettrait d’acquérir des compétences éventuellement transférables à d’autres marchés de l’emploi. L’idée est reprise au Québec, en 2012, par l’Association francophone pour le savoir qui adjoint une autre dimension au dispositif. Cette association se dit que les doctorants et les docteurs sont trop peu connus du grand public, et que ce dispositif offre de les mettre en lumière, en montrant aussi au public ce que l’on fait des subventions qu’il accorde. Il y a une dimension politique chez eux. Ils ajoutent aussi le côté « fun » et spectaculaire au dispositif avec animateur, musique, entraînement avec la Ligue d’improvisation…

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