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De l’école à l’université, le difficile parcours des jeunes en situation de handicap

Malgré quelques avancées, l’accès à la formation est encore loin des objectifs fixés par la loi de 2005 qui pose notamment le principe du droit à l’éducation pour tous les jeunes.

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Publié le 15 novembre 2021 à 08h00, modifié le 18 novembre 2021 à 11h38

Temps de Lecture 3 min.

« Saut d’obstacles », « parcours du combattant »… Presque dix-sept ans après la promulgation de la loi du 11 février 2005 (pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées), qui édicte notamment le droit à la scolarisation pour tout jeune en situation de handicap, le système éducatif français est encore loin de l’idéal d’inclusion qu’elle est censée garantir. Au regard des chiffres, il y a pourtant de quoi être optimiste. D’après le ministère de l’éducation nationale, trois fois plus d’élèves handicapés ont été scolarisés dans des « classes ordinaires » des premier et second degrés en 2020, comparativement à 2005. Une tendance encore plus marquée dans l’enseignement supérieur où ils étaient cinq fois plus nombreux qu’il y a quinze ans.

Mais, comme souvent, ces chiffres cachent une réalité plus complexe. Au cours de cette période, le périmètre des élèves à besoins éducatifs particuliers a en effet évolué. Certains troubles cognitifs tels que les « dys » (dyslexie, dysphasie, dyspraxie…) ou les hauts potentiels intellectuels (HPI), qui n’étaient pas comptabilisés avant la loi, le sont désormais. « D’où une augmentation mécanique des statistiques », souligne Serge Ebersold, professeur de sociologie et titulaire de la chaire Accessibilité au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).

Il existe néanmoins des avancées. Les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), qui permettent notamment d’obtenir la reconnaissance du handicap, assurent, par exemple, un meilleur maillage territorial, et les établissements scolaires sont globalement plus accessibles, mais l’aide humaine reste insuffisante. « Beaucoup trop de jeunes se retrouvent encore chaque année sans AESH [accompagnant des élèves en situation de handicap] », dénonce Sabrina Alloun, présidente de l’association Info Droit Handicap.

C’est sur l’adaptation des supports et des contenus pédagogiques ou l’aménagement des examens qu’il reste le plus à faire. « On est encore très loin du compte », déplore Etienne Petitmengin, président de la commission « autonomie et citoyenneté des personnes âgées et handicapées » de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss). Surtout dans l’enseignement supérieur : « Là, c’est le royaume de la débrouille, révèle Pierre Mignonat, président de la Fédé 100% Handinamique. Chaque étudiant doit aller voir son prof et lui dire les adaptations dont il a besoin. »

Manque de temps et de formation

Car si dans certaines universités le pôle handicap assure son rôle de coordination, dans la plupart, il fonctionne au minimum. Quant aux enseignants, « beaucoup n’acceptent pas de modifier leurs manières de faire », regrette Pierre Mignonat. Une réticence qui s’explique par un manque de temps et de formation. D’après le ministère de l’éducation nationale, 23 % des enseignants intervenant auprès d’élèves à besoins éducatifs particuliers n’ont pas été formés.

« C’est un taux particulièrement élevé quand on considère la palette des compétences nécessaires à l’accueil et à l’inclusion d’un élève en situation de handicap dans une classe », soulignent les parlementaires dans un rapport de juillet 2019. Et quand cette formation existe, le plus souvent, elle est inadaptée. Alors même que, à en croire Nicolas Eglin, président de la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph), « tout enseignant, de la maternelle au supérieur, sera confronté, à un moment ou à un autre de sa carrière, à des élèves ou étudiants à besoins particuliers ».

Rien d’étonnant alors à ce que les jeunes en situation de handicap hésitent à poursuivre après le bac. « Il y a beaucoup d’autocensure », admet Pierre Mignonat. Nombre de ceux qui se lancent décrochent dès la première année de licence, et très peu s’aventurent en master et doctorat. Finalement, la moitié des personnes handicapées sont sans diplôme ou ne sont titulaires que du brevet des collèges, contre un quart de la population générale. Un manque de qualification qui complique d’autant leur entrée dans l’emploi.

Cet article fait partie d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec l’Agefiph.

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