Comment repérer les signaux faibles du harcèlement scolaire ? Comment éviter les effets de meute qui se prolongent en ligne ? Comment y mettre un terme et accompagner les victimes ? Les suicides d’adolescents – comme celui de Dinah, début octobre à Mulhouse (Haut-Rhin) – viennent régulièrement rappeler les conséquences funestes de ce phénomène. Un élève sur dix serait victime chaque année de harcèlement scolaire. Soit entre 800 000 et 1 million. L’estimation n’a guère varié depuis que l’éducation nationale s’est emparée du sujet il y a une dizaine d’années.
Face aux drames qui secouent régulièrement l’institution scolaire, les pouvoirs publics ne peuvent plus fermer les yeux. Deux rapports parlementaires se sont emparés du sujet en un an, Brigitte Macron en a fait l’une de ses grandes causes. Le ministère de l’éducation nationale déploie depuis la rentrée un programme national baptisé Phare (Programme de lutte contre le harcèlement à l’école). Et pourtant, si les actions symboliques se multiplient, à l’instar de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, jeudi 18 novembre, les moyens d’action sont encore peu efficients. « La prise de conscience est récente. La France a pris du retard par rapport à ses homologues européens dans la lutte contre ce fléau », note Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie et l’un des concepteurs de Phare.
Pour s’inspirer d’un pays pionnier, la secrétaire d’Etat chargée de l’éducation prioritaire, Nathalie Elimas, s’est rendue, début novembre, en Finlande. Depuis 2003, en effet, la loi finlandaise exige que chaque établissement adopte une stratégie en la matière. Le programme KiVa, élaboré par l’université de Turku, s’est construit autour de cette obligation depuis 2006. Neuf écoles sur dix s’en sont emparées avant qu’il ne devienne payant il y a cinq ans. Il est aujourd’hui utilisé par la moitié des écoles en Finlande et s’exporte dans une vingtaine de pays, de la Nouvelle-Zélande à l’Italie.
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