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Etudiants étrangers : la France retrouve son niveau d'avant la crise

La France accueille désormais autant voire plus d'étudiants étrangers qu'avant la crise du Covid. Mais davantage arrivent du Maghreb, du Liban, d'Afrique francophone ou des Etats-Unis, alors que ceux issus de la région Asie-Pacifique sont en baisse.

La France accueille 365.000 étudiants étrangers, selon les derniers chiffres de Campus France.
La France accueille 365.000 étudiants étrangers, selon les derniers chiffres de Campus France. (Marta NASCIMENTO/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 18 nov. 2021 à 10:00

C'est une page qui se tourne et autant d'inquiétudes qui se dissipent pour les universités et les grandes écoles. En 2020, la pandémie avait entraîné une forte baisse du nombre d'étudiants étrangers . Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, arrêtés fin octobre, la France a octroyé cette année 79.000 visas à des étudiants étrangers, un chiffre en hausse de 3 % par rapport à 2019.

Mais la crise sanitaire a modifié le paysage. « Les étudiants ne viennent pas forcément des mêmes zones, car l'Asie est encore largement fermée », indique Béatrice Khaiat, directrice générale de Campus France, dans un entretien aux « Echos ». Selon l'agence de promotion à l'étranger de l'enseignement supérieur, le nombre d'étudiants en provenance de la zone Asie-Pacifique a chuté de 35 % par rapport à 2019. L'Amérique latine et l'Afrique non francophone sont, elles aussi, en baisse. A l'inverse, la France accueille davantage d'étudiants du Maghreb (+16 % par rapport à 2019), d'Afrique francophone (+17 %), du Liban (+50 %), des Etats-Unis (+43 %) ou de Turquie (+30 %).

Les incertitudes chinoises et australiennes

De quoi « redessiner » le paysage de la mobilité des étudiants internationaux, poursuit Béatrice Khaiat. « Après Trump, les Etats-Unis, qui n'ont jamais perdu leur première place, vont se reprendre et leur attractivité va s'en trouver renforcée », prédit-elle, tandis qu'elle s'interroge sur les effets de la stratégie de la Chine qui « a fermé ses frontières dans les deux sens ».

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Sur les dix dernières années, la Chine est en effet le pays qui a le plus envoyé d'étudiants au-delà de ses frontières, souligne l'agence Campus France dans une étude qu'elle vient de publier à l'occasion de ses dix ans d'existence. L'évolution de l'Australie, qui occupe encore la troisième place mondiale mais qui s'est fermée aux nombreux étudiants chinois et indiens qu'elle accueillait, pourrait permettre à la France de « remonter » dans le classement mondial de la mobilité, suggère Béatrice Khaiat.

Dans la recomposition en cours, il faudra aussi compter avec le Brexit : « Même si on ne connaît pas l'impact réel car le Royaume-Uni ne distingue pas la part des étudiants à distance et la part de ceux qui sont en présentiel, le Brexit a déjà fortement impacté le nombre d'étudiants européens », souligne Béatrice Khaiat.

Pas de « décrochage »

En dix ans, la mobilité internationale a augmenté de 57 %, tandis qu'elle n'a progressé que de 30 % en France, qui est passée de la 4è à la 6è place mondiale , devancée par l'Allemagne en 2017 puis par la Russie en 2018. Fin 2018, Matignon avait d'ailleurs parlé d' un risque de « décrochage » .

Qu'en est-il, trois ans plus tard ? « Je ne parlerais pas de décrochage, rétorque Béatrice Khaiat. En dix ans, la compétition s'est renforcée et le nombre d'étudiants français qui part à l'étranger a augmenté. La part relative de la France a baissé, mais en occupant la 6è place, la France reste un grand pays d'accueil », ajoute-t-elle. Le monde compte désormais 5,6 millions d'étudiants internationaux, contre 3,5 millions il y a dix ans.

Plus d'enseignements en anglais

Fin 2018, l'exécutif s'était engagé à accueillir 500.000 étudiants étrangers d'ici à 2027 . Il y en avait 324.000 à l'époque, contre 367.000 aujourd'hui, rappelait dernièrement la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Béatrice Khaiat juge l'objectif tenable. « La France est le pays qui envoie le plus grand nombre d'étudiants en Erasmus, à raison de 50.000 par an, souligne-t-elle. Quand on envoie des étudiants, on en reçoit davantage, c'est une logique de réciprocité ».

Toutefois, pour « attirer les talents du monde entier », « il faut absolument développer les enseignements en anglais dès le premier cycle, insiste-t-elle, car certains étudiants n'apprendront pas le français avant de venir en France ». L'Hexagone ne propose que 1.700 cours en anglais, essentiellement dans les niveaux masters et doctorat et dans quelques bachelors d'écoles de management.

« On veut davantage d'étudiants étrangers »

« Il faut d'abord dire qu'on veut davantage d'étudiants étrangers, car tout le monde n'est pas sur cette ligne », glisse la directrice générale de Campus France qui vient de lancer une campagne mondiale de communication baptisée « Rendez-vous en France ».

« Je souhaite réduire de moitié l'immigration des étudiants qui viennent en France », a déclaré le candidat à la primaire de la droite, Xavier Bertrand , dimanche dernier. Si tel était le cas, « la France serait derrière tous les grands pays qui veulent peser dans la stratégie mondiale, on sortirait du top 10 et on se placerait entre la Malaisie et l'Argentine, réagit Béatrice Khaiat. Surtout, les étudiants français ne pourraient plus partir à l'étranger, car les échanges procèdent d'une logique de réciprocité ».

Les deux tiers des étudiants étrangers inscrits à l'université

La France accueille 365.000 étudiants étrangers, selon des chiffres Campus France de 2021, soit une progression de 30 % depuis 2010. Les deux tiers (66 %) sont inscrits à l'université, 13 % dans des écoles de management, 8 % en écoles d'ingénieur, 5,5 % dans les formations du supérieur des lycées et environ 3 % dans des écoles d'art ou d'architecture.

A l'université, la moitié des étudiants étrangers sont inscrits en licence, et l'autre moitié en master et doctorat (41 % en master et 9 % en doctorat). Dans les universités, les sciences (31 %, dont 23 % en sciences fondamentales) et les humanités rassemblent la majorité de ces étudiants (62 %). Viennent ensuite les sciences économiques et de gestion (16 %), les sciences humaines et sociales (12 %), le droit et les sciences politiques (11 %) et la santé (8 %).

Marie-Christine Corbier

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