Pièce maîtresse du campus Condorcet, le grand équipement documentaire (GED) en était aussi la pièce manquante. Son inauguration, prévue pour la fin du mois de novembre, arrive deux ans après la mise en service des autres bâtiments de ce nouveau pôle universitaire qui fait la jonction entre le métro Front-Populaire, à Aubervilliers, et le quartier de la Petite-Espagne, à la Plaine-Saint-Denis, et fédère aujourd’hui onze établissements de recherche parisiens (dont Paris-I, Paris-VIII, l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), l’Institut national d’études démographiques (INED), le CNRS, l’École des chartes…). Un retard à la livraison qui s’explique par une série de coups de frein qui ont ponctué les étapes de ce projet financé par la région Ile-de-France, dont la couleur politique a changé en cours de route. A l’exception du bâtiment de l’EHESS, qui est lui aussi une commande publique, le reste du campus a été conçu sous le régime du partenariat public-privé (PPP).
Le GED incarne l’ambition affichée par le campus de développer des liens avec ce territoire historiquement pauvre de la banlieue nord et avec sa population. Ses 23 000 mètres carrés de surface utile répartis en deux grands volumes asymétriques, reliés entre eux par des passerelles et une grande verrière qui vient coiffer l’ensemble, abritent une bibliothèque gigantesque – la plus grande d’Europe dans le domaine des sciences sociales –, un café et une librairie ouverts sur la rue et une multitude d’espaces de travail et de convivialité aux atmosphères différentes. Son architecte, la franco brésilienne Elizabeth de Portzamparc, revendique d’avoir créé là un temple de la connaissance propice à la démocratisation du savoir, qui ait en même temps la qualité d’un grand espace public couvert comme cela se fait beaucoup dans son pays natal.
Ancienne friche industrielle
L’articulation entre intérieur et extérieur en est le principe fondateur qui se décline de diverses manières, à différentes échelles : une rue intérieure qui prolonge le cours des Humanités, l’artère centrale du campus, et fait ainsi entrer la ville dans le bâtiment ; le verre des façades qui laisse filtrer la lumière du jour et filer les perspectives ; les grandes terrasses qui prolongent à tous les étages les espaces de travail… Le manque de personnel empêche pour l’heure de donner au projet toute sa mesure – un mouvement de grève a été voté pour le mardi 23 novembre par les personnels du GED – mais ce bâtiment généreux a du possible en réserve.
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