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En montagne, le débat est ouvert sur un avenir sans neige et sans ski

La question du changement de modèle de développement agite les montagnes françaises et pousse des opposants historiques à nouer le dialogue. Mais derrière les poignées de main, les lignes de fracture restent profondes.

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Publié le 23 novembre 2021 à 03h53, modifié le 24 novembre 2021 à 10h42

Temps de Lecture 8 min.

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Sur le domaine skiable de La Grave-La Meije (Hautes-Alpes), en 2018.

Le 23 septembre 2021, Frédi Meignan et Alexandre Maulin se sont fait un « check ». Cela ne vous bouleverse pas forcément, mais dans les colonnes du Dauphiné libéré, on l’a comparé à la poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat à la Maison Blanche. M. Meignan en a tiré quelque fierté, mais la suite de l’histoire ne lui a pas échappé : « Là-bas, ça n’a pas forcément bien marché. »

Devant les photographes, l’habit faisait le moine. Frédi Meignan, tee-shirt, pantalon d’extérieur orange fluo, cheveux sauvages : il dirige la branche française de Mountain Wilderness, une ONG de protection de la montagne. Alexandre Maulin, veste sombre à coudières crème, foulard chic, barbe taillée : président de Domaines skiables de France, qui rassemble les exploitants de remontées mécaniques.

Chacun dormirait plus tranquille si l’autre n’existait pas. M. Maulin incarne les aménageurs de la montagne et l’industrie du ski alpin, M. Meignan un mouvement plus hétéroclite de défenseurs de son versant sauvage. L’un construit des télécabines pour convoyer les skieurs, l’autre démonte les téléskis rouillés des stations où le ski a disparu. « Ce ne sont pas deux mondes qui s’ignoraient, puisque l’on se retrouve régulièrement en justice quand même », s’amuse Frédi Meignan. D’où la portée historique que l’on conféra, dans les Alpes, à ce banal « check », et à l’événement qui l’a suscité : des Etats généraux de la transition du tourisme en montagne, rassemblant militants, universitaires, élus et industriels du ski. Une semaine plus tard, M. Meignan participait à une table ronde au congrès de Domaines skiables de France où, « il y a quelques années, [il aurait] pris des œufs dans la gueule ».

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Il se passe quelque chose au royaume de l’or blanc. Une ligne est ouverte entre la filière du ski alpin et ceux qui veulent se préparer à l’extinction de cette source miraculeuse. A l’issue de deux jours de discussions, relayées par des ateliers où, dans chaque territoire, se rencontraient élus, associatifs et opérateurs touristiques, on a signé une déclaration commune. Suffisamment vague pour être partagée par les militants de Mountain Wilderness et les industriels des domaines skiables, mais la promesse d’une suite, tout de même.

Laurent Wauquiez, premier soutien de l’industrie du ski

D’où vient ce réchauffement relatif ? De la conscience environnementale des industriels du ski et de leur état d’esprit constructif, explique Alexandre MaulinDu sentiment d’être une citadelle assiégée, corrige Frédi Meignan. Selon lui, les aménageurs auraient pris conscience de leur fragilité face aux crises, d’un changement culturel et sociétal dans les vallées, manifesté par la poussée du vote vert dans les grandes métropoles de montagne. Les écologistes sont aux commandes des plus grandes villes des Alpes – Grenoble, Annecy, voire Lyon et Genève, et associés aux socialistes à Chambéry. Le plan « Avenir montagnes » du gouvernement, très insistant sur la transition, et les critères d’investissement de la Banque des territoires et du Crédit agricole des Savoie, des partenaires financiers majeurs du tourisme de montagne, témoignent aussi d’un regard nouveau chez des acteurs peu suspects de radicalisme écologique.

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