Comment les étudiants français financent-ils leurs études ? Très souvent grâce à l’aide de leur famille – un soutien à hauteur de 42 % selon l’Observatoire de la vie étudiante (OVE). Puis il y a les petits boulots que près de la moitié des étudiants français cumulent et qui comptent pour 25 % de leurs revenus. Ensuite viennent les aides publiques (bourses, APL…) qui représentent 23 % des ressources et enfin, au dernier rang, les prêts bancaires (2 %).
Alors que, chaque année, les rapports s’additionnent sur la hausse du coût de la rentrée étudiante, que la précarité d’une partie de la population étudiante (aggravée par la crise sanitaire) a été révélée en 2015 par un rapport de l’inspection général des affaires sociales, les jeunes français sont peu nombreux à s’endetter pour financer leurs études. Un rapport d’information parlementaire, publié en juillet 2021, souligne cette particularité de l’enseignement supérieur français, alors que la souscription d’un prêt est très répandue en Grande-Bretagne, en Allemagne, au Danemark ou encore en Suède où 70 % des étudiants y ont recours.
Cette culture de l’endettement étudiant repose sur l’idée que l’obtention d’un diplôme permet d’augmenter les revenus futurs et qu’une partie de ce gain peut être consacrée, dans un premier temps de carrière, au remboursement. La dette serait un investissement.
Opposition de syndicats étudiants
Or ces prêts souscrits massivement pas nos voisins européens ressemblent peu aux prêts traditionnels auxquels sont soumis les étudiants français : il s’agit de prêts à remboursement contingent au revenu (PARC). Ils ont la particularité d’être remboursés seulement quand l’emprunteur a acquis un niveau de revenus suffisamment élevé. Et celle que l’Etat s’en porte garant.
« Endetter une génération qui a déjà du mal à s’en sortir financièrement ne peut pas être une solution. » Paul Mayaux, président de la FAGE
La mise en place des prêts contingents pour financer la formation a déjà été proposée par France stratégie en 2017 ; il a été plébiscité par l’Institut Montaigne en avril 2021, et figure encore parmi les recommandations du rapport d’information parlementaire précédemment cité, ainsi que dans le rapport de décembre 2020 du comité stratégique « Diversité sociale et territoriale dans l’enseignement supérieur », piloté par Martin Hirsch, directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Mais sa mise ne place se heurte au désaccord de représentants étudiants.
La première critique est le principe même de l’endettement. « Endetter une génération qui a déjà du mal à s’en sortir financièrement ne peut pas être une solution », estime Paul Mayaux, président de la FAGE, principal syndicat étudiant. « Il n’y a pas en France de culture de l’emprunt », analyse Nicolas Charles, enseignant chercheur en sociologie à l’université de Bordeaux. Alors qu’en Suède ou en Grande-Bretagne, contracter une dette pour payer ses études est banal, le principe n’est pas encore globalement accepté en France.
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