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De jeunes salariés désabusés trollent la culture « start-up » à coups de vannes, gifs et mèmes

Sur les réseaux sociaux, des communautés très populaires comme « Neurchi de la flexibilisation du marché du travail », devenues l’exutoire sarcastique d’une jeunesse professionnellement désenchantée, se moquent de l’absurdité du monde de l’entreprise.

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Publié le 22 novembre 2021 à 02h07, modifié le 22 novembre 2021 à 16h06

Temps de Lecture 7 min.

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C’est un article de presse d’un journal très sérieux dont le titre est « Le management par l’humour, une valeur en hausse », et qui raconte comment l’humour en entreprise « a un impact bénéfique sur la performance » des collaborateurs. Bénéfique ? Partagé sur le groupe Facebook « Neurchi de la flexibilisation du marché du travail » (NdFlex), il a suscité une cascade de commentaires railleurs : « T’es virée, poil au nez ! », « Je t’attaque aux Prud’hommes, poil au scrotum ».

Créé en 2019, le groupe Facebook Neurchi de la flexibilisation du marché du travail est devenu l’exutoire sarcastique d’une jeunesse professionnellement désenchantée. Décliné sur Twitter, Instagram, LinkedIn, YouTube, Twitch et même Discord, NdFlex est un phénomène. Il est désormais le plus populaire des « neurchis » (chineurs en verlan), ces groupes Facebook organisés autour de thématiques variées, où les internautes postent des photos ou des textes « chinés » en ligne ou crées spécifiquement. Il dispose même de filiales comme L’inspection du travail n’existe pas, un groupe Facebook de faux complotistes niant la réalité d’une autorité veillant au respect du droit du travail.

Si les vétérans se perdront peut-être dans ce capharnaüm désopilant de vannes, gifs et captures d’écran, la jeunesse est séduite : le groupe NdFlex compte près de 155 000 membres. 80 % sont des 18-35 ans, en quête d’espaces pour rire aux éclats de ce qu’ils ne peuvent que murmurer tout bas au sein de l’entreprise. Dans cette galaxie figure aussi Neurchi de LinkedIn (65 000 membres sur Facebook) ; le compte Twitter Disruptive humans of Linkedin, aux plus de 51 000 abonnés ; ou encore la newsletter TechTrash qui compte 30 000 abonnés… Ces communautés raillent les excès du « personnal branding » et de la culture de la performance, la novlangue managériale, ou la narration pompeuse de la start-up nation.

« Tout reste très codifié »

Si ces groupes cartonnent, c’est qu’ils changent les codes d’un certain humour d’open space « feutré et conventionnel », explique Lauren Boudard, co-fondatrice de la newsletter humoristique TechTrash. « Au bureau, ce sont des vannes du type “ça va comme un lundi” ou des blagues qui sont en réalité un rappel à l’ordre, comme “tu prends ton après-midi” lancé à un collaborateur qui part à 17 heures. Tout reste très codifié ».

Ces communautés ouvrent ainsi un espace critique à la « start-up nation ». « La start-up nation a intégré certaines critiques, s’amuse du côté cliché de la table de ping-pong, mais ne va pas pour autant changer son organisation », poursuit son collègue Dan Geiselhart, qui cite l’exemple de Too Good To Go, start-up qui se présente comme un mouvement de lutte contre le gaspillage alimentaire, qui a été épinglée pour ses conditions de travail déplorables par le compte Instagram Balance ta start-up.

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