Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Sciences Po Paris à l’heure de l’hypersélection

La suppression du concours d’entrée et l’intégration à la procédure Parcoursup ont fait exploser le nombre de candidats en 2021. Et évoluer le profil des admis, venant d’horizons plus divers qu’auparavant.

Par 

Publié le 25 novembre 2021 à 00h49, modifié le 26 novembre 2021 à 11h53

Temps de Lecture 9 min.

Article réservé aux abonnés

Camille Saignavongs, Charles Vermeere et Antoine Villain, étudiants de première année à Sciences Po Paris, le 12 novembre 2021.

C’est un raz de marée auquel Sciences Po ne s’attendait pas. Au printemps 2021, 12 000 lycéens de terminale se sont portés candidats pour intégrer l’institut d’études politiques (IEP) parisien. En un an, le chiffre a tout simplement doublé, pour un nombre de places (793) stable. Le taux de sélection a mécaniquement plongé : seuls 6,6 % des postulants ont été admis. L’entonnoir s’est drastiquement rétréci, et a fait entrer l’école dans l’ère de l’hypersélection.

Cette hausse soudaine du nombre des candidatures n’a rien d’un hasard : depuis cette année, l’établissement n’organise plus de concours. Pour les lycéens, plus besoin de se rendre, au mois de février, dans un centre d’examens pour plancher sur de lourdes épreuves écrites d’histoire, de sciences sociales ou d’anglais : désormais, l’IEP sélectionne ses futurs étudiants sur Parcoursup, sur la base des notes obtenues au lycée et d’un dossier à remplir, puis par un oral (organisé en distanciel). De quoi lever des barrières et inciter davantage de jeunes à tenter leur chance. « C’est avant tout la présence de Sciences Po sur Parcoursup qui a contribué à la très forte hausse du nombre de candidats. Cela a facilité une candidature qui nécessitait auparavant une démarche spécifique qui décourageait les lycéens les moins “légitimes” », observe le sociologue Marco Oberti, professeur à Sciences Po, spécialiste de la procédure d’admission.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Sciences Po : retour au concours commun pour sept IEP

Les très bons bulletins ne suffisent plus. L’enjeu est désormais de « sortir du lot ».

Qui sont les 6,6 % d’élus à avoir été reçus en 2021, au terme de cette sélection inédite ? D’abord d’excellents élèves. Les admis que nous avons interrogés tournaient tous à 17 de moyenne ou plus. Cette année, Sciences Po affirme que 97 % des admis ont eu, au bac, une mention très bien, et 50 % ont même décroché les félicitations du jury (18 ou plus). Mais à l’heure de l’hypercompétition, les très bons bulletins ne suffisent plus à départager les candidats. L’enjeu est désormais de se distinguer, à une époque où les notes sont plus généreuses que jadis et où 13 % des bacheliers généraux décrochent une mention très bien (ils étaient 1,3 % en 2001).

Système à l’anglo-saxonne

Pour cela, Sciences Po a mis en place un système à l’anglo-saxonne, loin des épreuves de concours pouvant conduire, selon la critique habituelle, à recruter des « clones » surentraînés. Une position singulière dans le monde des grandes écoles. Un talent à raconter une histoire, un point de vue sur le monde, une passion dont on sait tirer parti, des responsabilités ou des engagements, des performances artistiques ou sportives, un sens de l’intérêt général : voilà ce que recherche désormais Sciences Po, indiquent ses responsables. Qui tentent de mesurer ces capacités au travers de l’entretien oral et de plusieurs travaux écrits, à adjoindre au dossier Parcoursup. Par exemple, en 2022, les candidats devront expliquer quelle statue ils souhaiteraient voir ériger dans l’espace public, ou dire à quels événements du XXe siècle ils auraient souhaité participer.

Il vous reste 74.28% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.