C’est la fin d’une parenthèse. Sept instituts d’études politiques (IEP de Lyon, Lille, Strasbourg, Aix-en-Provence, Toulouse, Rennes, Saint-Germain-en-Laye) organisent ensemble leurs épreuves d’admission – Bordeaux et Grenoble font, eux, cavalier seul. En 2020 et 2021, ils avaient dû annuler au dernier moment leur concours commun au profit d’une sélection sur dossier (à laquelle s’est adjointe, en 2021, une épreuve légère à faire à la maison). En tablant sur la fin de la crise sanitaire, 2022 devrait marquer le retour des épreuves écrites dans les centres d’examens partout en France… Avec, peut-être, un peu moins de candidats.
En effet, cette année, l’annulation du concours, annoncée tardivement en raison des aléas de l’épidémie, a eu un effet spectaculaire : sur Parcoursup, le nombre de candidats a bondi de 30 % dans les trois jours qui ont suivi l’annonce. Résultat : 14 000 jeunes ont tenté d’intégrer l’un des sept Sciences Po, soit 40 % de plus que l’an passé. Le nombre de places est resté stable (1 150), accentuant fortement le taux de sélectivité à l’entrée…
Côté « un peu traditionnel » assumé
Au sein du réseau des IEP, le débat est vif entre, d’une part, les tenants d’un concours commun et, d’autre part, ceux qui estiment qu’une sélection sur dossier suivie d’un oral, comme à Sciences Po Paris ou Bordeaux, serait mieux à même de conjuguer excellence et diversité. Les premiers louent, pêle-mêle, la valeur de l’effort de préparation, l’importance des compétences rédactionnelles, la solidité d’une évaluation commune, la légitimité et la confiance en soi sur laquelle peuvent s’appuyer les lauréats… « J’assume le côté un peu traditionnel du concours, qui oblige les jeunes à réviser et à fournir un effort. On veut éviter le côté opportuniste des jeunes qui candidatent juste parce qu’ils voient de la lumière », explique Pierre Mathiot, directeur de l’IEP de Lille, qui assure cette année la présidence du concours commun.
Les seconds peuvent mettre en avant les effets en termes d’attractivité et de diversité géographique et sociale de la suppression des épreuves écrites en 2020 et 2021. « Nous avons admis des élèves de lycées que nous n’avions jamais vu apparaître sur la carte », reconnaît Pierre Mathiot. En outre, cette rentrée, 9 % des étudiants en première année étaient boursiers de l’enseignement secondaire, contre 6 % en 2020. « A Lille, nous avons moins d’admis parisiens et beaucoup plus d’admis issus des Hauts-de-France. Est-ce un effet des notations pratiquées dans les meilleurs lycées d’Ile-de-France, qui défavoriserait les jeunes issus de ces établissements ? C’est une possibilité », expose Pierre Mathiot.
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