Le luxe français se dote d'une grande école de la mode avec l'IFM Paris
Ce campus de 8.000 mètres carrés sur les bords de Seine a été inauguré mercredi soir. Ouverte depuis janvier, cette nouvelle école accueille un millier d'étudiants, dont 30 % d'étrangers. Elle forme les créateurs, les dirigeants et les modélistes de la mode de demain.
Au coeur de l'atrium, les studios de création avec leurs immenses verrières se succèdent. Dans chacun d'entre eux, des étudiants s'affairent autour des machines à coudre, des surjeteuses et des écrans. A l'IFM Paris , la nouvelle école de la mode de Paris installée sur le site de la Cité de la mode et du design, quai d'Austerlitz, la tension monte.
« Les élèves en master de création préparent un défilé pour la prochaine Fashion Week le 28 février, où chacun présentera six modèles, dont un 100 % virtuel. Nous sommes la seule école au monde à défiler », se réjouit Xavier Romatet, le directeur général de l'Institut français de la mode (IFM) .
Inauguré mercredi soir par Bruno Le Maire, ce campus de 8.000 mètres carrés ouverts depuis janvier est né de la fusion de l'IFM avec l'école de la chambre syndicale de la couture parisienne, où est notamment passé Yves Saint Laurent. Au programme, trois types d'enseignement : management, savoir-faire (modélisme, patronage) et création, du CAP au doctorat, en passant par le bachelor et le master.
Un soutien de l'industrie
L'objectif de l'école est de devenir une référence mondiale. « Il était essentiel que Paris capitale de la mode ait une école qui reflète son leadership dans ce secteur », insiste Guillaume de Seynes, le président du comité stratégique de filière. Tous les grands groupes, LVMH, Chanel, Kering, Hermès, Richemont et Lanvin ont soutenu le projet, ainsi que des PME comme Isabel Marant. La mode et le luxe regroupent près d'un million d'emplois directs et indirects en France pour un chiffre d'affaires de 154 milliards d'euros.
Déjà, 1.000 étudiants ont rejoint les bancs d'IFM Paris, dont 300 étrangers venus pour moitié d'Asie (Chine, Corée, Japon…). « Nos concurrents à Londres ou New York sont des écoles d'art, et les business schools ne préparent qu'à la gestion des marques. Nous sommes les seuls à offrir tous ces aspects du métier », poursuit Xavier Romatet.
Un designer doit savoir structurer une collection pour la fabriquer et la vendre, et un futur dirigeant comprendre les besoins d'un styliste. Ces futurs gestionnaires passent ainsi du temps derrière des machines à coudre. « Chacun doit décoder le langage de l'autre », note le responsable.
Des équipements à la pointe
Ce n'est pas la seule spécificité de l'école. Le travail de la maille y est ainsi enseigné, une exception. En plus des machines à tricoter, un exemplaire d'une machine Stoll permet à partir d'un ordinateur de concevoir, puis d'imprimer son tissu. Un ensemble d'équipement à la pointe des technologies qui a nécessité près de 2 millions d'euros d'investissement. Tissus et chutes de cuir sont récupérés auprès des maisons.
L'IFM Paris nourrit sa proximité avec les entreprises, en quête de main-d'oeuvre pour prendre la relève. Plus de 300 étudiants sont ainsi en alternance dans des marques ou chez les façonniers. « Ils sont au coeur de l'écosystème le plus riche du monde », reprend Guillaume de Seynes.
En plus des apprentis, 30 % des élèves ont obtenu une bourse grâce à la Fondation IFM financée par 31 partenaires. Ce qui a permis à des jeunes venus de banlieue d'intégrer l'école, dont la scolarité coûte entre 10.000 à 15.000 euros par an.
Déjà, une extension de 1.000 m² est en cours, prévue pour septembre 2022. Au total, quelque 15 millions d'euros ont été nécessaires dans la réalisation de ce pôle financé par une filiale de la Caisse des Dépôts, propriétaire des lieux, avec le soutient de l'Etat et du DEFI. Une vitrine incontournable dans un secteur en quête de petites mains, à cause de la pyramide des âges. Le secteur a besoin de recruter près de 10.000 personnes par an pour continuer de briller dans le monde.
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