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Décryptage

La France, mauvais élève en Europe pour l'emploi des jeunes et des seniors

Le taux d'emploi culmine à 67,5 % au troisième trimestre dans l'Hexagone. S'il progresse fortement chez les jeunes, la France est encore loin de l'Allemagne et des pays du Nord sur cette population. Et elle est également à la traîne pour l'emploi des seniors.

« Trop de jeunes restent exclus du marché du travail », déplore l'OCDE dans son rapport sur la situation de la France en 2021.
« Trop de jeunes restent exclus du marché du travail », déplore l'OCDE dans son rapport sur la situation de la France en 2021. (Stephane AUDRAS/REA)

Par Nathalie Silbert

Publié le 22 nov. 2021 à 07:30Mis à jour le 22 nov. 2021 à 09:25

La France a été un bon élève de la crise. Elle a su préserver son tissu productif et aujourd'hui l'emploi en profite. Porté par le redémarrage vigoureux de l'activité au troisième trimestre, le taux d'emploi des 15-64 ans a poursuivi sa progression pour atteindre 67,5 %, indique l'Insee. Un nouveau plus haut depuis 1975.

Cette performance est d'autant plus appréciable que ce rebond touche toutes les tranches d'âge. « Depuis le premier trimestre 2021, la France est l'un des rares pays de la zone euro à avoir dépassé son niveau d'avant crise, ce n'est ni le cas de l'Allemagne, ni de l'Italie ni de la moyenne de la zone euro », souligne Emmanuel Jessua, économiste chez Rexecode.

Des handicaps

Cette dynamique positive n'occulte pas une situation structurelle moins enviable. La France reste handicapée par ses faiblesses : un chômage élevé et un taux d'emploi faible chez les jeune s et les plus âgés. D'où un taux d'emploi global bien inférieur à la moyenne de la zone euro.

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Sur le coeur de la population active constitué des 25-49 ans, « il n'y a pas d'anomalie française », précise Emmanuel Jessua. L'Hexagone s'en sort même plutôt bien. Avec un taux d'emploi de 82 % relativement stable dans le temps, il se situe certes derrière l'Allemagne (85 % au deuxième trimestre 2021) mais fait mieux que la moyenne de la zone euro (79 %).

Difficultés d'insertion

En réalité, les problèmes se concentrent sur les classes d'âge extrêmes. A commencer par les jeunes. « Trop de jeunes restent exclus du marché du travail », déplore l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son rapport sur la situation de la France en 2021 publié jeudi . Au troisième trimestre, le taux d'emploi des 15-24 ans n'était que de 32,8 %, soit tout juste 3 points de plus qu'en 2011 sur la même période, selon l'Insee. Si l'Hexagone fait mieux que les pays du Sud (Italie, Espagne…), l'écart avec l'Allemagne (32,8 % contre 49 %) et les pays du nord reste immense, les comparaisons internationales restant délicates du fait des jeunes en étude. Autre point inquiétant : 20 % des 25-29 ans qui en France n'étaient ni en emploi ni en formation en 2019.

« Les difficultés d'insertions sont très liées au niveau d'éducation . Les plus qualifiés accèdent beaucoup plus facilement au marché du travail », pointe Antoine Goujard à l'OCDE.

Paradoxalement, la situation s'est améliorée pendant la crise sanitaire grâce aux mesures (contrats d'apprentissage et de professionnalisation) déployées par l'exécutif pour faciliter l'entrée des jeunes dans la vie professionnelle. 

Réformer les retraites

L'autre faiblesse structurelle de la France concerne les plus âgés. Au deuxième trimestre 2021, seuls 55 % des 55-64 ans travaillaient en France. « En dépit d'une hausse marquée au cours des dix dernières années, le taux d'emploi est resté inférieur de plus de 18 points à celui de l'Allemagne, du Danemark, de la Finlande en 2019 », relève l'OCDE.

Parmi les facteurs qui expliquent cette médiocre performance tricolore, l'insuffisance des efforts de formation, les politiques de départs anticipés, mais aussi l'âge légal de départ à la retraite moins élevé que chez nos voisins. L'institution internationale invite d'ailleurs la France à réformer rapidement son dispositif : « L'âge effectif de sortie du marché du travail est le second plus bas de l'OCDE, ce qui nuit à la croissance potentielle », souligne-t-elle proposant de remonter l'âge légal à 64 ans à partir de 2025.

Mais « le relèvement de l'âge de la retraite ne suffira pas à lui seul à changer la donne », prévient Antoine Goujard. Pour accroître l'employabilité des séniors, il faudra aussi agir sur les conditions de travail et la formation et « mettre fin à la discrimination liée à l'âge ».

Nathalie Silbert

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