Publicité

Nouvelle ENA : le rapport Bassères s'attaque à des symboles forts

Jean Bassères a remis ce vendredi au Premier ministre ses propositions concernant l'Institut national du service public, qui va succéder à l'ENA, ainsi que la future délégation interministérielle appelée à gérer l'encadrement supérieur de l'Etat. Il préconise notamment de supprimer deux symboles forts de l'ex-ENA : l'épreuve de culture générale à l'entrée et le classement à la sortie.

Jean Bassères, actuellement directeur général de Pôle emploi.
Jean Bassères, actuellement directeur général de Pôle emploi. (Gilles ROLLE/REA)

Par Leïla de Comarmond

Publié le 26 nov. 2021 à 19:00Mis à jour le 28 nov. 2021 à 13:08

Jean Bassères avait été chargé mi-juin de dessiner les contours des deux nouvelles institutions créées par la réforme de la haute fonction publique : l'Institut national du service public (INSP), qui va remplacer l'ENA, et la Délégation interministérielle à l'encadrement supérieur de l'Etat (DIESE). Il a remis vendredi en fin de journée son rapport au Premier ministre, Jean Castex. Ou plutôt deux rapports, un par sujet, d'une centaine de pages chacun.

L'actuel directeur général de Pôle emploi a travaillé avec une équipe de 10 personnes aux profils variés - hauts fonctionnaires, universitaires, personnes du secteur privé -, sans compter les rapporteurs. Avec pour mission de « décliner les missions qui devront être exercées par les deux institutions, les grands axes de leurs projets stratégiques ainsi qu'un calendrier de déploiement ».

Supprimer l'épreuve de culture générale

C'est sur la future formation des hauts fonctionnaires que les propositions détonnent le plus, suscitant la prudence du côté du gouvernement. « Pour représenter tous les visages de la France, la diversification des recrutements à l'INSP est un impératif », insiste le rapport. Cela veut dire, rappelle-t-il aussi, valoriser davantage les parcours moins académiques et diversifier les profils de recrutement. Et pour cela, pas de tabou. Le rapport préconise de supprimer la sacro-sainte épreuve de culture générale.

Publicité

La ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, « n'y est pas favorable, car le caractère défavorable n'est pas étayé scientifiquement », souligne son cabinet. La ministre envisage plutôt de modifier cette épreuve en définissant chaque année « un programme, une thématique à l'avance pour que les candidats puissent se préparer ».

Le rapport propose aussi de renforcer la proportion de places réservées aux boursiers du dispositif Talents, limitée à 15 % du concours externe, en créant un concours spécifique. Le gouvernement ne l'exclut pas, mais il juge la piste prématurée, les classes Talents venant tout juste de se déployer. En revanche, il partage le constat de Jean Bassères sur le caractère discriminatoire de l'examen d'anglais.

Mettre fin au classement

Le patron de Pôle emploi s'attaque aussi à un autre symbole fort de l'ancien système, à la fin de la scolarité : le classement. Régulièrement dénoncé par les élèves de l'ENA, il permet aux mieux placés à la sortie d'être prioritaires dans le choix du premier poste et détermine aujourd'hui largement la suite de la carrière.

Dans l'entourage d'Amélie de Montchalin, on juge la proposition « pas totalement aboutie ». « La suppression de l'accès direct aux grands corps à partir de 2023 va réduire significativement son caractère déterministe », souligne-t-on, évoquant certes les limites du classement mais aussi sa dimension « méritocratique et objective ».

Le futur directeur nommé mercredi

Le rapport propose, lui, que ce qu'il considère comme un « obstacle à la professionnalisation » soit remplacé par une procédure d'entretien, le dernier mot étant donné à l'administration d'accueil, à l'issue d'une formation alliant un tronc commun à une spécialisation autour de quatre axes : pilotage des politiques publiques, gestion et performance publique, affaires européennes et internationales, action territoriale.

Travailler sur tous ces sujets et préciser les contours de la future école sera la première - et rude - tâche du futur directeur de l'INSP, dont la sélection est entrée dans sa dernière ligne droite : il devrait être nommé mercredi en Conseil des ministres, précise le ministère.

Vendredi, « le Premier ministre [...] a demandé à la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques de conduire un examen approfondi des propositions » pour « construire la feuille de route des prochains responsables de la DIESE et de l'INSP », a indiqué Matignon dans un communiqué.

A minima 13.000 fonctionnaires dans le champ de la DIESE

Outre les administrateurs de l'Etat, la Délégation interministérielle à l'encadrement supérieur de l'Etat suivra « a minima 13.000 agents », précise le rapport de préfiguration de la DIESE remis au Premier ministre ce vendredi. Directement mais aussi indirectement, car elle a vocation à « se positionner comme un partenaire » des ministères.

La DIESE devra assurer le « pilotage » de la stratégie des ressources humaines ainsi que l'évolution et l'harmonisation des pratiques RH et développer une double « offre de services », pour les cadres supérieurs et pour les employeurs publics.

Leïla de Comarmond

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité