Tribune. Pendant que le gouvernement et Le Figaro font la chasse au « wokisme » dans l’éducation nationale, les professeurs qui enseignent une matière de spécialité en terminale n’ont eux qu’un seul objectif : finir impérativement le programme avant le mois de mars. En effet, cette année, la réforme du lycée, dont l’application avait été perturbée par le confinement et l’épidémie de Covid-19 en 2020 et 2021, s’applique désormais pleinement en terminale, et sa mesure la plus absurde est désormais effective : les épreuves d’enseignement de spécialité auront bien lieu à la mi-mars 2022 et non fin juin comme avant la réforme.
Rappelons que dans le nouveau « bac Blanquer », les élèves choisissent deux spécialités qui comptent pour 32 % de la note finale et qui sont évaluées par un examen terminal (coefficient 16 chacune). Autrement dit, la génération 2004, après avoir subi le confinement en 2020, et eu cours les deux tiers de l’année en demi-jauge en 2021, voit sa formation amputée d’un tiers par la réforme du bac de 2022.
En effet, la prise en compte des notes du bac dans Parcoursup est une des mesures-phares
de la réforme de Jean-Michel Blanquer et de Pierre Mathiot. Les années précédentes, les dossiers de Parcoursup étaient remplis à la moitié de l’année scolaire, la sélection se faisait alors sur les résultats du premier et du deuxième trimestre. En fixant le passage des spécialités au mois de mars, la réforme permet donc d’intégrer les notes des spécialités dans Parcoursup.
Elèves les plus faibles pénalisés
D’avril à juin, les professeurs sont, certes, censés finir le programme, mais on peut légitimement émettre des doutes sur le degré de motivation des lycéens qui auront déjà passé leurs épreuves de bac et dont les éventuelles évaluations du troisième trimestre ne compteront pour rien.
La réforme du bac s’est aussi accompagnée de la réforme des programmes de l’ensemble des spécialités en 2018. Or la fixation des dates de l’examen oblige désormais le ministère de l’éducation nationale à rendre non obligatoires certaines parties de ces programmes. Ainsi dans certaines disciplines, des chapitres ne seront traités qu’une année sur deux. En fonction de l’année (paire ou impaire) de leur bac, les élèves ne verront pas certains chapitres. Des savoirs disciplinaires, jugés importants pour la formation des élèves par des commissions chargées de la rédaction des programmes, sont désormais facultatifs. On est alors en droit de se demander pourquoi les programmes ont été réformés il y a deux ans, si un tiers de ces derniers est désormais facultatif.
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