«Quand on me dit le foot c’est pas un sport de filles, je demande c’est quoi un sport de fille, jamais personne n’arrive à me donner une définition.» Bridget junior est bien contente de les coincer à chaque fois. Elle a de fines tresses sur la tête, un bandeau pour les retenir, de larges lunettes qui ne l’empêchent pas de courir : tous les mardis et jeudis soir, elle s’entraîne avec ses coéquipières au stade Salvador-Allende, catégorie U15 (moins de 15 ans), section féminine de l’Olympique Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis. Elles sont une vingtaine à sortir du vestiaire en traînant des pieds, il fait bien froid. Melaaz Sandjak, leur coach, les interpelle : «Allez les filles, on fait semblant d’être pressées d’arriver, on trottine.» L’équipe s’est pris 7-2 samedi contre Bobigny. Trop de Netflix la veille, pas assez de passes, manque de motivation. Ce soir, elle les secoue, pour la peine.
Melaaz a des enfants de presque leur âge, elle a vingt ans de plus, elle se rappelle les beaux souvenirs, quand elle jouait dans une équipe de filles. C’était les années fastes de l’Olympique, équipe première en National, tribunes remplies les soirs de match. Melaaz a été portée par cette ambiance, son père, ses oncles, dirigeants historiques du club, son oncle Jamel dirige la Ligue Paris Ile-de-France. Petite fille des pavillons, trimballée de terrain en terrain, elle jouait au foot avec les gamins des cités, les mêmes où avait grandi son père.
Elles tchatchent en mettant leurs crampons
Les joueuses parlent du collège, e