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Pour Le Monde, le jeudi 30 septembre 2021, reportage à Saint-Léger-de-Montbrillais, au garage Seb'Auto. Portrait du patron, Sébastien Eveillard.
CYRIL CHIGOT POUR « LE MONDE »

« Des fois, on se demande pourquoi on travaille » : dans la Vienne, le blues du garagiste indépendant

Par  (Saint-Léger-de-Montbrillais, Vienne, envoyé spécial)
Publié le 30 novembre 2021 à 03h14, modifié le 30 novembre 2021 à 13h34

Temps de Lecture 9 min.

Tout ça n’arriverait pas si les gens lavaient leur voiture correctement, à l’ancienne – eau tiède, savon, huile de coude. Mais non, ils préfèrent le nettoyeur haute pression. « A force, les peintures deviennent mates, et il faut lustrer », fulmine Sébastien Eveillard. Nous sommes lundi et, depuis 7 h 30, polisseuse en main, le patron du garage Seb’Auto, à Saint-Léger-de-Montbrillais (Vienne), s’acharne à rendre son éclat initial à une Citroën Berlingo blanche. Une occasion qu’il vient de vendre. « Entre trois coups de fil et deux emmerdes, si j’ai fini ce soir, ce sera bien », lance-t-il en reculant de quelques pas pour un contrôle qualité express.

A ses côtés, courbés au-dessus de moteurs en souffrance, Franck, 36 ans, et Valentin, 21 ans, ne font pas semblant non plus. Les deux mécaniciens sont sur le pont jusqu’à 17 heures tapantes, tandis qu’Ewenn, 17 ans, l’apprenti surnommé « Popeye » parce qu’il va devoir se gaver d’épinards avant de pourvoir sortir une boîte de vitesses seul comme un grand, est en cours. Franck se bagarre avec une Peugeot 207 SW 1.6 HDi (joint de culasse à changer), Valentin avec une Audi A4 TDi (distribution à refaire). D’autres véhicules patientent, capot grand ouvert, aussi résignés que les patients d’un chirurgien-dentiste.

Franck, en plein changement d’un joint de culasse au garage Seb’Auto, à Saint-Léger-de-Montbrillais (Vienne), le 30 septembre 2021.
Valentin termine la préparation d’une voiture au garage Seb’Auto à Saint-Léger-de-Montbrillais (Vienne), le 30 septembre 2021.

Voilà quatre ans que Sébastien Eveillard, 42 printemps, a repris ce garage. Un cube de métal posé au ras de la D347, entre Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), à l’ouest, et Loudun (Vienne), à l’est. Au carrefour de quatre départements (Vienne, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Deux-Sèvres) et de trois régions (Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire). Trafic chargé. Fantasia de décibels. La rumeur automobile est au mécanicien ce que le ressac océanique est au marin pêcheur : un chant d’espoir. Entre le commerce des occasions et la maintenance des diesels, on n’a pas trop à se plaindre. Et, pourtant, tout à craindre.

La loi Climat et résilience (renforcement des zones à faibles émissions-mobilité, fin de la vente des voitures les plus polluantes, renforcement des transports collectifs) et la COP26, malgré la timidité de l’accord final, sont passées par là. Les vieux véhicules ont du plomb dans l’aile, et le vénérable procédé de Rudolph Diesel un pied dans la fosse de visite.

Ici, en pleine ZRR (zone de revitalisation rurale), comme on dit à Paris pour évoquer ces campagnes « reconnues comme fragiles sur le plan socioéconomique », c’est trois quarts du business. « Les voitures neuves sont très chères, et rouler au gazole reste économique », souligne le patron de Seb’Auto.

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