D’ici à une quinzaine de jours, au plus fort de la vague de commandes en ligne des cadeaux de Noël, les facteurs et les sous-traitants de La Poste déposeront plus de 5 000 colis par minute dans les boîtes aux lettres des Français. Soit quatre millions de Colissimo par jour, sans compter les livraisons express de Chronopost. Pour orchestrer cette période de pic d’activité, le groupe public mobilise toutes ses forces et a déjà recruté 6 000 saisonniers.
La passion des Français pour les colis ne se limite pas aux fêtes de fin d’année. Alors que le courrier s’effondre, La Poste a titularisé 1 700 facteurs en contrat à durée indéterminée (CDI) depuis le début de l’année, essentiellement pour livrer les paquets. Avec la pandémie de Covid-19 et ses confinements, « le marché du colis a, en 2020, progressé de trois années en une », estime l’opérateur. Et, en 2021, les ventes sur Internet ont encore progressé de 15 % au troisième trimestre, constate la Fédération du e-commerce et de la vente à distance.
Désormais, 42 millions de Français achètent en ligne, soit 1,5 million de plus qu’en 2019. La fréquence de leurs commandes s’est accrue : un tiers des foyers reçoit désormais 51 colis par an – un par semaine, en moyenne. Et ce n’est qu’un début. La Poste, qui revendique 70 % du marché français du colis, investit lourdement pour pouvoir gérer un milliard de Colissimo par an d’ici à 2030, soit deux fois plus qu’aujourd’hui.
Cette frénésie ne va pas sans causer de dommages à l’environnement. Derrière chaque commande passée, il y a un acheminement par bateau, par avion ou par la route, jusqu’aux plates-formes de tri, puis encore le « dernier kilomètre » à parcourir, c’est-à-dire entre le dernier entrepôt et le domicile ou le point relais. De plus, le milliard de colis livrés en France chaque année génère déjà 137 000 tonnes d’emballages dans nos poubelles, selon La Poste.
Valoriser les efforts
En plein boom, le secteur de l’e-commerce se sait soumis à une certaine pression, de la part de l’opinion et des politiques. En 2020, l’association écologiste Les Amis de la Terre, la Confédération des commerçants de France et plusieurs députés, dont Delphine Batho (Deux-Sèvres, non inscrite), ont milité pour imposer un moratoire sur les nouveaux entrepôts de vente en ligne, avec Amazon en ligne de mire. L’idée a été écartée par le gouvernement. L’exécutif a préféré commander un rapport sur le développement durable de l’e-commerce, qui a débouché sur la signature d’une charte, fin juillet.
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