Opération séduction de l'industrie pour attirer les jeunes
Avec la Semaine de l'industrie, qui a démarré le 22 novembre, le secteur veut surfer sur la vague de réindustrialisation post-Covid pour attirer les jeunes vers les 70.000 emplois non pourvus. Opération éclair de Bercy sur Snapchat, nouvelle campagne de communication de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM)… tout est fait pour séduire de futures recrues.
Une dixième édition de la reconquête. La Semaine de l'industrie, qui a lieu du 22 au 28 novembre, est placée sous le signe de « l'avenir durable. ». Après l'édition annulée l'an dernier pour cause de pandémie, le monde de l'industrie veut surfer sur la vague de réindustrialisation post-Covid qui lui est favorable.
Usine du futur, transition écologique, féminisation des métiers… des milliers d'événements partout en France doivent renforcer l'attractivité du secteur, et surtout faire rêver les collégiens, lycéens, apprentis et demandeurs d'emploi. Car il s'agit de combler les 70.000 postes recherchés par les industriels qui n'arrivent pas à recruter. Pour marquer le coup, une campagne de communication, réalisée par Bercy en partenariat avec Snapchat, verra onze « stories » destinées à « démonter les clichés » diffusées toute la semaine sur le réseau social le plus utilisé par les 13-18 ans.
« Moment charnière »
Et pour enfoncer le clou, à peine cinq mois après la précédente campagne « Fier de faire » qui ciblait directement les jeunes uniquement sur les réseaux sociaux (TikTok, Twitch, WhatsApp…), l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) planche avec l'ensemble des branches (chimie, agroalimentaire, etc.) sur une nouvelle campagne de communication à grande échelle.
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Difficultés de recrutement : les conditions de travail jouent un rôle accru
« Nous sommes à un moment charnière, il faut qu'on accélère et il faut le faire auprès du grand public », lance Hubert Mongon, délégué général de l'UIMM, les métiers de la métallurgie représentant à eux seuls la moitié des postes à pourvoir dans l'industrie.
Dépoussiérer l'usine
Ces jeunes, les professionnels de la métallurgie sont aussi allés les chercher à l'occasion du French Fab Tour, deuxième événement de ce type après l'édition de 2019 et une annulée en 2020, et réalisé avec bpifrance. Sous l'égide du coq bleu, symbole choisi, 13 étapes se sont déroulées en un mois jusqu'au 21 octobre dans les villes sur les places des villages. Simulateurs, visite d'usines en 3D, et accent mis sur les nouvelles technologies et l'usine du futur… là aussi, il s'agit de dépoussiérer l'image surannée de l'usine.
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Face à la reprise, les besoins sont énormes. Aux métiers traditionnellement en tension depuis des années que sont les soudeurs, ajusteurs, chaudronniers, sont venus s'ajouter ceux émergeant mais dopés par la crise sanitaire liés à la transition écologique et au numérique.
Guide du mentorat
« Nous avions depuis 2018 enregistré de nouveaux besoins en emplois dans l'industrie, puis brusquement la crise sanitaire a gelé les recrutements. Depuis début 2021, nous subissons un à-coup très fort avec un redémarrage massif », décrypte Hubert Mongon, qui évoque cependant des situations contrastées de reprise dans le secteur.
Lors de son dernier comité exécutif le 17 novembre, le Conseil national de l'industrie (CNI), qui réunit les fédérations professionnelles, en particulier l'UIMM et France Industrie, et les organisations syndicales, s'est penché sur la valorisation des métiers industriels. Parmi les solutions, un guide du mentorat dans l'industrie vient d'être publié, qui permet l'accompagnement d'un jeune de moins de 30 ans par une personne plus expérimentée.
Convention collective
L'UIMM mise aussi sur sa nouvelle convention collective, en négociation depuis 2016 et qui doit aboutir à la fin décembre, pour redorer l'image des métiers de la métallurgie. « Nos textes conventionnels étaient souvent dépassés au regard des enjeux de l'industrie, certains dataient de l'époque où l'on fabriquait des 4L », glisse Hubert Mongon, qui évoque « une convention qui intègre la transformation actuelle du travail ».
Ce n'est pas l'avis de la CGT, qui, vent debout contre certains éléments du projet, appelle à la mobilisation des salariés le 25 novembre. « Si le dispositif conventionnel de L'UIMM se met en oeuvre, le choc va être rude pour les salariés des très petites entreprises et des PME qui dépendent uniquement de la convention collective », indiquait ainsi le 9 novembre aux « Echos » Stéphane Flégeau, secrétaire général adjoint de la Fédération des travailleurs de la métallurgie CGT.
Marion Kindermans