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Des effectifs en forte baisse dans les classes préparatoires économiques et commerciales

Selon les professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales, le nombre d'élèves a chuté de 9 % en un an dans cette filière. Ils réclament un moratoire sur les fermetures de classes. Des grandes écoles de management s'en inquiètent.

Entre 2010 et 2020, le nombre d'étudiants a augmenté de 20 %, contre 4 % seulement dans les classes préparatoires économiques et commerciales.
Entre 2010 et 2020, le nombre d'étudiants a augmenté de 20 %, contre 4 % seulement dans les classes préparatoires économiques et commerciales. (Olivier Coret/SIPA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 11 déc. 2021 à 12:00Mis à jour le 13 déc. 2021 à 09:01

Ce n'est encore qu'une estimation, mais elle se répand comme une traînée de poudre dans les classes préparatoires qui accueillent les candidats aux concours des grandes écoles de management. Selon l'APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales), les effectifs ont chuté de 9 % en un an. Ce chiffre, selon son président, Alain Joyeux, est issu d'une enquête à laquelle deux tiers des lycées concernés (soit 120) ont répondu.

« Les lycées de proximité ont eu moins de facilités à remplir leurs classes », confirme Vincent Cornu, à la tête de l'Association des proviseurs de lycées à classes préparatoires.

Les chiffres officiels étaient attendus mi-décembre, mais le ministère de l'Enseignement supérieur les annonce désormais pour février sans en dire plus. Tout comme celui de l'Education nationale.

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Mais, sur le terrain, des annonces de fermetures de classes ont déjà eu lieu. A Paris (Rodin) et Angers (Mongazon), les décisions sont actées, selon l'APHEC. A Valence, où les enseignants du lycée Camille Vernet ont lancé une pétition, une autre classe fermera à la rentrée prochaine, selon Laurence Briday, professeure qui a lancé la pétition.

« Moratoire » réclamé

L'APHEC réclame « un moratoire » sur les fermetures. A l'heure où l'exécutif entend pousser la diversité sociale , « on ferme des classes qui recrutent des boursiers plus qu'ailleurs », déplore Alain Joyeux. Il demande du temps pour que la réforme de la filière se mette en place. Car, avec le nouveau bac, les classes préparatoires ont été complètement restructurées.

La réforme a aussi été mise en place en pleine pandémie, alors que les journées portes ouvertes et les salons qui sont autant de lieux de recrutement n'ont pu se tenir qu'à distance, explique l'APHEC.

Mais se pose aussi la question du « vivier de recrutement ». Entrer en classe préparatoire économique et commerciale suppose de ne pas avoir abandonné les mathématiques . Or, la réforme du bac a réduit le nombre d'élèves ayant suivi cette discipline, par rapport aux anciens bacheliers S et ES, insiste l'association.

« Le vivier des matheux »

« C'est le problème du vivier des matheux », confirme Denis Choimet, président de l'Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques qui, lui, observe « une très grande stabilité des effectifs » dans ses filières. Mais il déplore que les mathématiques aient été « sorties du tronc commun ». L'APHEC souhaite « ardemment » le retour de la discipline dans le tronc commun - « ce serait le meilleur moyen de rouvrir notre vivier », plaide Alain Joyeux.

« Des élèves nous disent qu'ils n'ont pas fait de mathématiques depuis la classe de seconde, alors que cette matière a un coefficient 7 ou 8 dans certains concours ! », ajoute Laurence Briday.

Les grandes écoles de management s'inquiètent, elles aussi, de l'évolution des effectifs. Le directeur général de l'EM Strasbourg, Herbert Castéran, évoque toutefois un « décrochage des prépas » bien antérieur à la pandémie : « Entre 2010 et 2020 , on a connu une croissance du nombre d'étudiants de 20 %, contre seulement 4 % pour les prépas économiques et commerciales », indique-t-il.

Il « s'interroge » et « s'inquiète » du « devenir des classes préparatoires », alors que son école y recrute deux tiers de ses étudiants. « Cela conditionne la qualité de nos recrutements et celle des écoles françaises, dont 22 figurent parmi les 100 premières mondiales », insiste-t-il.

Les grandes écoles à la rescousse

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En 2008, 80 % des admissions de prépas se répartissaient entre 19 écoles, rappelle Herbert Castéran. Contre 16 en 2014, et 13 en 2020. Pour « sécuriser » le recrutement d'étudiants de classes préparatoires, il faut « aller plus vite que cette vague qui monte », complète Stéphan Bourcieu. A la tête de Burgundy School of Business, il explique avoir pu recruter le nombre d'étudiants voulus parce que son école a gagné des places dans le classement des écoles (Sigem).

Il faut aussi « lutter contre l'autocensure », plaide Laurence Briday : « Quand on va à la rencontre des lycéens, ils voient bien que nous sommes des professeurs normaux et que les étudiants de prépa qui nous accompagnent ne sont pas aigris et font aussi la fête ».

« Si on acceptait de détourner une partie de nos moyens pour soutenir les classes préparatoires, on aurait quelques milliers d'étudiants en plus par an et tout à y gagner », suggère Stéphan Bourcieu. Un juste retour des choses, pour un autre patron de grande école qui rappelle que le développement des bachelors a aussi « fait du mal aux prépas ».

Marie-Christine Corbier

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